Comment les fermes à trolls de Poutine boostent les campagnes de Nigel Farage – encore une fois.

Byline Times documente depuis longtemps l’ingérence étrangère dans les élections britanniques, en particulier la propagande russe sophistiquée qui a précédé l’invasion totale de l’Ukraine et, en prélude à celle-ci, l’intervention de comptes inauthentiques ou automatisés lors du référendum sur l’UE en 2016.

Une enquête menée par la commission de la culture, des médias et des sports de la Chambre des communes après le référendum a montré que la portée des médias d’État russes, tels que RT et Sputnik, dépassait celle de Sky et ITV en 2016. Nigel Farage faisait régulièrement des apparitions rémunérées sur la chaîne d’État russe, et sa campagne Leave.EU reprenait directement la propagande islamophobe de RT.

Parallèlement, sur les réseaux sociaux, l’enquête du FBI menée par le procureur spécial américain Robert Mueller sur l’ingérence dans les élections américaines a révélé que l’Internet Research Agency, basée à Saint-Pétersbourg, disposait d’un budget de 30 millions de dollars et de techniques sophistiquées pour créer des comptes en anglais d’apparence légitime qui ont diffusé des milliers de messages en faveur du Brexit en 2016.
L’oligarque à l’origine de la « ferme à trolls » – essentiellement un groupe de trolls Internet qui cherche à influencer les opinions politiques et les prises de décision – Yevgeny Prigozhin, chef du groupe paramilitaire Wagner, a été tué dans un accident d’avion suspect après avoir défié Vladimir Poutine l’année dernière, mais ses activités de ferme à trolls ont été largement imitées.

Au cours de la campagne électorale britannique, ABC a surveillé « cinq pages Facebook coordonnées » qui, bien qu’elles semblent avoir peu de points communs, « ont diffusé les arguments du Kremlin, certaines publiant des messages en faveur du parti populiste Reform UK de Nigel Farage ».

 

Ces pages souvent disparates fonctionnaient comme un réseau visant à promouvoir mutuellement leurs publications sur les réseaux sociaux. Salvatore Romana, expert en désinformation et directeur de recherche chez AI Forensics, a déclaré que les activités de ce réseau, bien que menées depuis le Nigeria afin d’échapper à toute surveillance immédiate, présentaient les caractéristiques d’une « opération d’influence russe ».

 

  Islamophobie, théorie du Grand Remplacement et GB News

Deux des comptes Facebook identifiés comme faisant partie de ce réseau pro-Kremlin s’appelaient Common Sense Britain et UK Patriots – ce dernier étant doublement ironique compte tenu de l’origine probablement étrangère du compte – et semblent tous deux être de fervents partisans du Parti réformiste.

Comme le montrent les captures d’écran ci-dessous, Common Sense Britain appelle à soutenir Farage et Lee Anderson, qui est devenu candidat du Parti réformiste après avoir été conseiller municipal travailliste puis vice-président du Parti conservateur.

Comme cela s’est produit à grande échelle en 2015 et 2016, lorsque la crise des réfugiés syriens était à son apogée – grâce à l’intervention de l’armée russe aux côtés du gouvernement syrien –, la propagande combine à la fois une menace extérieure provenant des « envahisseurs » migrants et de fausses informations incendiaires sur la taille de la population musulmane britannique.

Pour des raisons évidentes, le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, qui a été réélu cette année, est une cible.

Mais Common Sense Britain se glisse alors dans sa propre mission, plus évidente, au-delà de la simple division.

Patriotic UK renforce également ces thèmes et les réitère dans son propre style nationaliste, mettant en avant Anderson et Farage ainsi que le message clé concernant les migrants et les musulmans.

Mais il va beaucoup plus loin en diffusant la « théorie du grand remplacement », qui prétend sans fondement qu’il existe une politique délibérée des « élites » (souvent décrites de manière antisémite comme des « élites juives ») visant à remplacer les populations « blanches » nationales en Europe par des musulmans.

Bien que ces comptes ne puissent plus s’appuyer sur RT ou Sputnik pour obtenir des informations, car ces médias ont été interdits au Royaume-Uni depuis le début de la guerre totale menée par la Russie contre l’Ukraine en 2022, ces deux comptes russes influents s’appuient largement sur GB News et ses présentateurs.

Mais là encore, il ne faut pas longtemps pour que la raison stratégique qui sous-tend le soutien à cette xénophobie apparaisse clairement.

 Pourquoi Farage est le favori du Kremlin

Bien que Nigel Farage et Arron Banks, donateur de Leave.EU (qui s’est rendu à plusieurs reprises en secret à l’ambassade de Russie pendant la campagne référendaire sur l’UE), rejettent toute allégation de liens avec la Russie comme étant un « canular », il ne fait guère de doute qui soutient ces campagnes d’influence.

Il a fallu une bataille entre les réformistes et les conservateurs, ainsi qu’un reportage télévisé australien, pour attirer l’attention de la presse grand public sur ces questions d’ingérence étrangère dans les élections nationales, et enfin obtenir certaines promesses d’action.

À la suite du reportage de l’ABC, le vice-Premier ministre Oliver Dowden a déclaré au Sunday Times : « Ces révélations mettent en évidence le risque réel que courent notre démocratie… Il est extrêmement préoccupant de voir, pendant une campagne électorale, des acteurs étrangers malveillants promouvoir des partis politiques, des politiques et des opinions britanniques qui correspondent à leur programme. »

Le Sunday Times a également rapporté que « le président du Parti conservateur, Richard Holden, a écrit à Simon Case, secrétaire du Cabinet, et à Sir Tim Barrow, conseiller à la sécurité nationale, pour demander que ces allégations fassent l’objet d’une enquête ».

Mais après six ans d’avertissements, cette mesure est insuffisante et arrive trop tard.

Avec l’élection probable d’un nouveau gouvernement le 4 juillet, Byline Times fera pression pour que l’intégrité électorale et l’absence d’ingérence de puissances étrangères hostiles figurent en tête de son programme.

 https://bylinetimes.com/2024/07/01/how-putins-troll-farms-are-boosting-nigel-farages-campaigns-again/

Traduction : Murielle Stentzel

La même chose se produit en France , avec les comptes d’extrême droite, en 2022 , une armée de bots avaient donné de la visibilité à Zemmour, et sous chaque compte Twitter extrême droite, dès qu’ils publient un post, une armée de trolls est à la manoeuvre pour commenter, retweeter et leur donner une visibilité enorme.

La Russie nous livre une guerre hybride , pour amener au pouvoir en Europe, tous ses candidats anti Europe. Et ainsi, détruire cette Union Européenne qui le gêne tant.

 

https://www.bloomberg.com/news/articles/2021-11-14/an-online-army-is-drumming-up-support-for-a-french-extremist