Le Brexit est de retour à l’ordre du jour.

Le Brexit est de retour à l’ordre du jour. 

Les ministres du gouvernement ayant finalement admis les dommages économiques causés par le Brexit, le terrain est en train de changer et la voie vers un retour dans l’Europe pourrait bientôt être considérée non pas comme un recul, mais comme un renouveau.

Appelez cela une admission, un revirement ou une réinitialisation politique, mais quel que soit le nom que vous lui donnez, les signes sont clairs : le Brexit est de retour. Après des années de silence stratégique, le gouvernement a recommencé à parler des dommages causés par le départ de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. Le chancelier a cité les « barrières commerciales » comme l’une des raisons pour lesquelles les impôts pourraient devoir augmenter dans le prochain budget. Le ministre de la Santé a déclaré qu’il était « heureux que nous puissions désormais parler des dommages causés par le Brexit ». Ce ne sont pas des remarques anodines, mais des signaux.

Pendant des années, les ministres ont évité de citer le Brexit comme facteur de la crise économique du pays. Aujourd’hui, ils s’y intéressent de plus près. En présentant les hausses d’impôts et les pressions inflationnistes comme des conséquences des « barrières commerciales », le gouvernement ne se contente pas d’offrir une explication, il repositionne le débat. Le message implicite est que la Grande-Bretagne paie un prix à long terme pour avoir quitté le marché unique et qu’il est temps d’affronter honnêtement les conséquences.

 

Ce changement est politiquement utile. Le Royaume-Uni est aujourd’hui confronté au taux d’inflation le plus élevé du G7, avec une croissance à la traîne par rapport aux autres grandes économies. Blâmer le Brexit offre un discours commode : nous nous en sortirions mieux si nos relations commerciales n’étaient pas aussi restreintes. Pour le Parti travailliste, c’est une position sûre à adopter. Elle lui permet de reconnaître la souffrance sans rouvrir les divisions idéologiques qui ont déchiré le pays après 2016.

La politique actuelle est subtile mais significative. Le gouvernement prépare le terrain pour ce qui pourrait devenir la prochaine grande ligne de fracture dans la politique britannique : non pas le départ ou le maintien dans l’Union européenne, mais la manière de réparer le Brexit. Le cadre sera pragmatique, et non nostalgique : il s’agira moins de revenir sur la décision que de réparer ce qui a été brisé. Cette distinction est cruciale. Elle transforme le Brexit d’un symbole d’identité en un problème de gestion, quelque chose qui peut être amélioré, négocié et finalement redéfini.

 

Et c’est là que les choses deviennent intéressantes. Si l’opinion publique continue d’évoluer – si « faire fonctionner le Brexit » devient discrètement « peut-être que le Brexit ne fonctionne pas » –, alors l’argument en faveur d’un second référendum pourrait émerger non pas comme une revendication des idéalistes pro-Bruxelles, mais comme une proposition pratique et patriotique. La logique sera que la Grande-Bretagne mérite une économie qui fonctionne, et non un handicap qu’elle s’est elle-même infligé.

Surtout, la prochaine fois que ce débat aura lieu, le ton sera différent. L’argument en faveur d’une réintégration ne sera pas fondé sur la peur ou le pessimisme, comme c’était le cas en 2016, mais sur l’optimisme et les opportunités. La réintégration peut être présentée comme une voie vers la croissance, la stabilité et le partenariat, et non comme une soumission. Elle peut être présentée comme une mesure positive visant à rendre la Grande-Bretagne plus sûre, plus prospère et plus influente dans un monde en rapide évolution.

Sur le plan politique, c’est un terrain fertile pour le Parti travailliste. Cela permet au gouvernement de s’adresser à la fois aux entreprises, aux jeunes électeurs et aux modérés désabusés. Cela lui permet également de mettre en contraste une Grande-Bretagne optimiste et ouverte sur l’extérieur avec le nationalisme replié sur lui-même et conflictuel des années conservatrices. Présenté sous cet angle, le retour au marché unique – voire la demande d’une nouvelle adhésion à part entière – apparaît moins comme un retour en arrière que comme un nouveau pas en avant.

Alors oui, le Brexit est de retour à l’ordre du jour. Mais cette fois-ci, il est présenté différemment. Le nationalisme défensif qui l’alimentait autrefois s’est essoufflé. Ce qui émerge à la place, c’est un désir plus discret et plus constant de réparation – et, à terme, de réunification.

La classe politique n’est peut-être pas encore prête à le dire ouvertement, mais la direction prise est évidente. Lorsque la poussière sera retombée et que les chiffres auront empiré, la question ne sera pas de savoir si la Grande-Bretagne va reconsidérer le Brexit, mais quand. Et lorsque ce moment viendra, le camp qui brossera le tableau le plus optimiste – non pas de ce que nous avons perdu, mais de ce que nous pourrions regagner – aura les meilleures chances de remporter le débat.

 

Traduction :  Murielle STENTZEL

 

Brexit Is Back on the Menu