S’il y a un jour un accord de paix en Ukraine, Emmanuel Macron en sera au centre. Si un accord est conclu pour récapituler le programme nucléaire de l’Iran, le président français aura été un acteur clé. Alors que les États-Unis se préparent à une nouvelle lutte entre superpuissances avec la Chine, Emmanuel Macron utilise l’influence de la France pour souligner qu’elle est aussi une puissance du Pacifique. Alors que l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel a pris sa retraite et que la Grande-Bretagne est rentrée chez elle après le Brexit, M. Macron est désormais le principal dirigeant européen et le plus fervent défenseur de l’Union européenne.
Au cours de son second mandat, Macron apparaît comme un leader mondial de plus en plus important, malgré son échec répété à dissuader le président russe Vladimir Poutine de son invasion non provoquée de l’Ukraine. La nouvelle prééminence de Macron doit beaucoup non seulement au poids de l’Union européenne, en particulier sur les questions économiques, mais aussi au rôle unique que la France se donne : celui d’une grande puissance alliée – mais philosophiquement indépendante – des États-Unis.
Ce positionnement a déjà causé des maux de tête aux présidents américains, notamment lorsque l’ancien président français Jacques Chirac s’est élevé contre la guerre en Irak. Mais Macron a été un allié important pour Joe Biden ; c’est un fervent partisan de l’Occident et de la démocratie ; il est déterminé à maintenir les puissances européennes de l’OTAN derrière l’Ukraine ; mais il a également un canal ouvert avec Moscou.
Lors d’un entretien approfondi avec Jake Tapper de CNN cette semaine, M. Macron a tenté d’expliquer les forces psychologiques qui façonnent les actions de M. Poutine et a défendu sa décision de continuer à parler au dirigeant russe. Il s’est dit profondément préoccupé par la démocratie mondiale et – même s’il a dit qu’il ne ferait pas la leçon à un ami – il est clairement inquiet de l’attaque contre les élections aux États-Unis. Il a pris la parole lorsqu’on l’a interrogé sur le refus du nouveau Premier ministre britannique, Liz Truss, de dire s’il était un ami ou un ennemi. Et il a fait fi de l’intrigue concernant les informations relatives au président français que le FBI a récupérées dans le complexe Mar-a-Lago de l’ex-président Donald Trump.
Les réponses de Macron étaient détaillées et nuancées. Sa capacité à communiquer aux États-Unis dans un excellent anglais le distingue de ses prédécesseurs et constitue un facteur important dans ses aspirations à un rôle de leader mondial. À bien des égards, il ressemble à l’ancien président américain Barack Obama, dont il s’est inspiré pour sa première campagne à la Maison Blanche en 2008. Comme le 44e président, M. Macron a une facilité à diagnostiquer un problème politique ou une tendance mondiale.
Macron a été accusé d’être distant, tout comme Obama, et les deux hommes ont eu du mal à maîtriser les forces politiques intérieures qui s’opposaient à leurs appels au changement. Mais pour paraphraser l’une de ces légendes urbaines de provenance douteuse que l’on attribue généralement à Henry Kissinger, il ne fait guère de doute que lorsque le président des États-Unis veut appeler l’Europe, l’indicatif international qu’il utilise désormais est +33.