Eric Zemmour et les djihadistes : une interpellation maladroite et des propos réels

Ce jeudi 9 décembre, Zemmour fut l’invité de l’émission de France 2, « Elysée 2022 ». L’occasion, pour lui, de conforter son image de « présidentiable », après une entrée en lice une dizaine de jours avant, qui fut jugée ratée par une majorité de Français.

On peut voir l’intégralité de l’émission sur ce lien du site France Info. Se présentant à l’écran avec un look modifié et inauguré depuis le meeting de Villepinte – costume élégant, lunettes à fine monture – il est resté cependant brutal dans le fond comme dans la forme.

Dans « Challenge », Maurice Szafran évoque ainsi la violence verbale vis-à-vis du ministre Bruno Le Maire qui fut son principal contradicteur, ainsi que de Samia Ghali, élue marseillaise.

« Un sentiment de malaise. Une atmosphère poisseuse. Une violence — verbale cette fois — qui ne cesse de s’amplifier. Des insultes proférées envers le contradicteur d’un soir, le ministre de l’économie Bruno Le Maire qualifié “d’employé de la Commission de Bruxelles” et qui avait souhaité il y a quelques semaines déjà, aux prémices de son envolée sondagière, débattre avec lui. Un épais mépris exprimé sans la moindre retenue face à l’élue de Marseille, Samia Ghali, venue exprimer son amour de la France et sa confiance en la République. Bref, Éric Zemmour tel qu’en lui-même, non pas caricatural, mais ne cherchant d’aucune façon à “adoucir” son image et sa ligne. Radicalité du propos. »

Je n’entrerai pas dans le détail de l’ensemble des échanges, le site de France Info en lien donnant les principales « punchlines » de l’émission. Je ne m’arrêterai que sur un passage (à partir de 1h30 sur la vidéo), où Bruno Le Maire l’a interpellé sur ses propos scandaleux sur les djihadistes venus semer la mort de tant d’innocents sur notre sol. Il lui a dit en particulier : « Je vous ai vu à la sortie du Bataclan faire l’éloge des terroristes islamistes en disant que eux avaient le courage que nous nous n’avions plus ».

Reconnaissons qu’il s’agissait d’un « court-circuit » malheureux dans l’esprit du ministre, car Zemmour n’avait pas dit cela il y a quelques semaines, le 13 novembre. Maladresse ou confusion, cela affaiblissait en partie la charge contre le candidat qu’il fallait déstabiliser. En fait, ces propos ont été tenus en octobre 2016, dans le magazine « Causeur » et sur les ondes : on était alors après les terribles attentats du 13 novembre 2015, en particulier le massacre du Bataclan, et la tuerie de Nice le 14 juillet précédent. Eric Zemmour avait dit qu’il « respectait les djihadistes », « des gens qui meurent pour leur foi » que « l’on devrait plutôt admirer que mépriser ». On trouvera dans cette courte vidéo les références précises de ses propos.

 

On lira aussi à ce propos un article publié par Eloïse Lenesley« Respectables, les djihadistes ? », où elle démonte les propos à la fois superficiels et inacceptables du polémiste.

« Court-circuit » donc dans l’esprit de Bruno Le Maire, entre deux motifs d’indignation différents : la récupération du massacre du Bataclan par le candidat d’extrême-droite, qui avait été à raison fortement condamnée par les familles des victimes ; et ces propos datant d’il y a cinq ans, et qui restent scandaleux. Et ce, alors même que Eric Zemmour tente en vain de faire passer à la trappe des propos passés – écrits ou sur des plateaux de radios et télévisions ». « Vous n’avez pas le droit d’en parler, je suis un autre aujourd’hui », telle est la ligne de défense de Zemmour et que l’on commence maintenant à bien comprendre.

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