Gilets jaunes et antisémitisme au carrefour des extrêmes


J’ai découvert la photo de cette affiche odieuse sur le compte twitter en lien. Cette illustration est associée à plusieurs hashtags évoquant les Gilets Jaunes, et la manifestation du samedi 20 novembre célébrant les trois ans du mouvement.

En parcourant rapidement ce compte, on comprend par le logo associé au titulaire et par le contenu qu’il s’agit d’un sympathisant (ou militant ?) de la France Insoumise. Comme on le sait, les deux « jumeaux-rivaux » à l’extrême-droite et à l’extrême-gauche ont soutenu le mouvement des Gilets Jaunes, pour des motivations à la fois similaires et complémentaires : d’abord une récupération politique, ce qui était de bonne guerre un an et demi à peine (en novembre 2018) après leur échec à l’élection présidentielle ; ensuite un affichage devant susciter la sympathie du public, envers un mouvement social, largement soutenu par l’opinion pendant plusieurs mois, et présenté dans la plupart des grands médias comme spontané et apolitique ; enfin, et certains ont dû y croire, l’espoir fou d’inverser le choix des urnes par la violence de la rue.

Clairement aussi, ce mouvement né le 17 novembre 2018 en réaction à une taxe nouvelle sur les carburants, a eu une genèse sur les réseaux sociaux qui n’était pas si « spontanée » et « apolitique » qu’on avait bien voulu le croire, comme l’a démontré cette enquête du journal « Le Monde » publiée plusieurs mois plus tard : née des mois avant l’apparition du mouvement, les manifestes exprimant « colère », « ras le bol » et haine du jeune président qui venait d’être élu, ont été largement partagés par des communautés d’internautes se reconnaissant soit dans des partis politiques constitués comme le Rassemblement National ou « Debout la France » dirigé par Nicolas Dupont-Aignan, soit dans « la droite hors les murs » ou « patriosphère », voire « fachosphère », dont une figure vite repérée fut Christophe Chalençon, antisémite viscéral. Il est significatif aussi que l’une des premières figures médiatiques du mouvement, Benjamin Cauchy, soutienne aujourd’hui Eric Zemmour.

Mais revenons à cette affiche, honteuse et publiée il y a quelques jours : on note le référent « Rothschild » associé à Emmanuel Macron, non par ce qu’il y avait travaillé, mais parce que c’est un patronyme lourd de l’imaginaire antisémite. Repris à d’innombrables reprises sur des pancartes ou des publications sur FaceBook, il m’a inspiré à l’époque un long article associé à de très nombreux liens, article que vous pourrez lire ici.

Et finissons par le compte twitter qui l’a publié, sans aucun complexe et alors qu’il se situe en théorie à l’autre extrême du spectre politique. Ceci illustre plusieurs tristes réalités, que l’on trouve certes en France mais aussi dans d’autres démocraties : la banalisation de l’antisémitisme ; des référents communs aux extrémistes de droite et de gauche, avec une haine de « la finance internationale » qui dérive vite vers la figure du « juif tout puissant » ; et enfin une perméabilité inquiétante des slogans et contenus, permise par l’immédiateté propres aux réseaux sociaux : le créateur de ce hideux photomontage – qui insulte par ailleurs les croyants chrétiens – était probablement un antisémite d’extrême-droite ; mais on retrouvera la même illustration associée à des hashtags associés aux Gilets Jaunes ; et ici, sur la publication d’un sympathisant de la France Insoumise.

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