Dans sa dernière chronique sur Hot Type, Heidi Siegmund Cuda fait état de la nouvelle alliance mondiale inquiétante et froide qui s’est mise en route pour ruiner les démocraties occidentales.
Les historiens nous ont fait croire que la guerre froide s’est terminée en 1989, avec l’effondrement de l’Union soviétique. La liberté de la tyrannie a balayé le bloc de l’Est comme un raz-de-marée.
Les plus passionnés des résistants de la seconde guerre mondiale ont vécu pendant quatre décennies sous la brutalité industrielle et ont finalement goûté à la liberté qu’ils avaient méritée.
En Amérique, nous avons ressenti un soulagement : nous pouvions enfin détourner notre attention des klaxons et des abris antiatomiques.
À Washington, un jeune procureur général nommé William Barr, sous la direction du président George H.W. Bush, a décidé de réorienter les agents hors de Russie pour se concentrer sur l’épidémie de cocaïne.
Plutôt que de faire ce qui avait été fait après chaque grand conflit mondial pendant 500 ans — occuper les vaincus jusqu’à ce que leur idéologie soit coupée — nous avons détourné notre regard des Soviétiques et n’avons pas remarqué que le KGB n’avait pas perdu la guerre froide.
« Le KGB n’a pas arrêté », me dit Craig Unger après la publication de son livre, American Kompromat. « Le KGB est entré en hibernation et a eu des moyens très astucieux de refaire surface plus tard, déversant des dizaines de milliards de dollars dans l’Ouest. »
Les services de renseignement russes ont manifesté un vif intérêt pour un homme d’affaires new-yorkais et acteur appelé Donald Trump, qui a été en faillite, a déclaré Unger, journaliste d’investigation qui a documenté les liens de Trump avec l’argent russe pendant des décennies.
Nous avons aussi documenté sur ces pages l’argent russe qui a été déversé dans la Silicon Valley, entre les mains de la « PayPal Mafia » et comment le député préféré de la Russie, Dana Rohrabacher, a aidé Elon Musk à privatiser l’espace.
Alors que le monde voit l’Amérique devenir l’otage de seigneurs de guerre autoritaires et de leurs loyalistes, nous devons faire face aux nouvelles alliances froides. Ils sont basés sur la cupidité et le pouvoir. Empire est l’histoire qu’ils se racontent, mais ce sont simplement des gangsters – qui remplissent les trous noirs à l’intérieur d’eux-mêmes avec de l’argent.
Vladimir Poutine s’est servi de l’argent et des choses d’autres personnes depuis ses jours au KGB à Dresde. Dans le livre de Karen Dawisha, La kleptocratie de Poutine, Klaus Zuchold, un officier de la Stasi à Dresde, a dit à un journaliste qu’il connaissait Poutine depuis 1985, lorsqu’il l’avait recruté pour travailler pour le KGB.
Quand il a rendu visite à Poutine dans son appartement, Poutine a montré une nouvelle chaîne stéréo achetée chez KaDeWe à Berlin-Ouest. Le livre est rempli d’exemples de la convoitise de Poutine pour les biens de consommation occidentaux et comment il a empoché des millions qui étaient censés aller aider à construire des cliniques ou nourrir les affamés, quand il était maire adjoint de St. Petersburg.
Plus tard, lorsqu’il est devenu président, il s’est servi de la bague du Super Bowl 2005 de Robert Kraft, propriétaire des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, qui était incrustée de plus de quatre carats de diamants. Il l’a juste pris comme le voleur qu’il est.
La vitesse à laquelle le gouvernement américain s’effondre est à la fois choquante et prévisible, car elle représente l’aboutissement d’une alliance de tricheurs aux appétits insatiables.
Ils se présentent comme des « moralistes » américains et russes — liés par leurs valeurs familiales traditionnelles et la suprématie blanche — mais, comme les « fossoyeurs » fascistes allemands, c’est pour voler aux autres.
Sous les nazis, des hommes d’affaires allemands d’élite payaient pour des « projets spéciaux » où des groupes pseudo-scientifiques faisaient la promotion de doctrines raciales. Des hacks universitaires ont été payés pour nourrir l’idée que les Allemands descendent d’une race aryenne, intrinsèquement supérieure aux autres races, permettant aux hommes d’affaires nazis de bénéficier de l’arianisation, alors que les propriétaires d’entreprises juifs étaient obligés de vendre leurs entreprises à une fraction de leur valeur.
Le Nouveau Monde.
Ainsi, alors que les services de renseignement américains se détournaient de la protection de leurs citoyens contre l’Union soviétique après la guerre froide, les alliances d’extrémistes de droite se sont solidifiées.
Il y a quatre ans, j’ai documenté dans Byline Times les connexions de réseau qui ont couru directement des bailleurs de fonds milliardaires Robert Mercer et le cadre Koch à Moscou. Le rapport se lit maintenant comme le précurseur des choses à venir.
L’analyste de réseau et journaliste d’investigation Dave Troy m’a dit à ce moment-là :
« En gros, ce à quoi cela ressemble est ce réseau de gens qui sont liés au Conseil de la politique nationale (CNP) et qui comprend les Mercer, les Koch, a coordonné diverses campagnes en coordination avec diverses entités en Russie qui sont liées au Kremlin pour promouvoir les valeurs traditionnelles et la désinformation, ainsi qu’une variété d’autres choses dans le monde.
« Beaucoup de personnes impliquées dans le CNP ont été associées à un groupe appelé le Congrès mondial des familles qui a été mis sur pied au milieu des années 90 par un Américain en visite en Russie, qui s’est rendu compte que les valeurs familiales traditionnelles étaient quelque chose qui unirait l’Est et l’Ouest, La Russie et les États-Unis. » En 2011, le Congrès mondial des familles a commencé à organiser ses réunions en Russie.
« Vous avez fini par avoir toutes ces organisations familiales traditionnelles qui voyagent en Russie à plusieurs reprises et qui se connectent avec des gens comme Aleksandr Dugin, un philosophe mystique qui a été conseiller de Poutine et qui a développé ce cadre eurasien global », explique Troy.
Les écrits de Dugin ont promu des vues fascistes et un empire euro-asiatique capable de renverser le monde occidental. Le Congrès mondial des familles a été le lien entre le CNP et la Russie, et leur réseau de moralistes de droite.
« Ces gens sont donc passés d’un anti-USSR virulent à une attitude pro-russe parce qu’ils voyaient le réseau de Poutine comme étant capitaliste, aligné sur l’Église orthodoxe et pro-famille », a déclaré Troy. « Ils ont estimé que les Russes, et plus particulièrement par l’expression autocratique de la domination de Poutine, étaient de grands alliés. Voilà comment ce revirement vraiment étrange s’est produit. »
J’ai écrit à l’époque que « dans le cadre défini par Troy, tout s’aligne. Le tableau d’ensemble des moralistes américains et russes qui tentent de renverser la démocratie prend tout son sens ».
La tragédie de cet article, c’est que nous le savions à l’époque, nous avons documenté les acteurs, nous avons vu les jeux, nous les avons dénoncés, et nos avertissements ont été noyés dans la propagande des fusils de chasse.
« Pour ce qui est de savoir qui dirige vraiment les choses ici, il y a toujours eu les Mercer, les Koch, les Steve Bannon, les gens du CNP », m’a dit Troy à l’époque. « C’est toujours eux. Et rien n’a changé. Et un jour, Trump mourra, et il y aura un nouvel avatar qu’ils nommeront dans le même but. »
Un nouvel avatar a été désigné, qui ne pouvait pas être président parce qu’il était né en Afrique du Sud.
Au lieu de cela, avec l’aide de la nouvelle alliance froide, Elon Musk a acheté la présidence des États-Unis.
Alors qu’il se tenait dans le bureau ovale cette semaine, utilisant son fils comme bouclier humain, Trump se renfrogne comme Mussolini, contorsionnant son visage en un masque de mort pour tenter de projeter son pouvoir.
Ce sont les têtes d’affiche du nouveau désordre mondial.
Ils se tiennent devant les caméras, satisfaits de leur succès, parce qu’ils ont capturé la pièce maîtresse de l’échiquier.
L’Amérique jouant désormais pour les fascistes, les hommes de tête – avec leur liste de cibles – tentent de reproduire leur succès en s’attaquant aux pays démocratiques restants, un par un, jusqu’à ce qu’ils fassent basculer le monde entier dans la ruine.
Ils comptent sur l’absence de résistance.
Une véritable résistance serait en fait dévastatrice pour eux, car leurs outils sont essentiellement psychologiques et leur pouvoir illusoire.
En 1989, une dictature brutale a pris fin en Roumanie grâce à un homme qui a eu le courage de dire « Boo ».
Et vous ?
Traduction : Murielle STENTZEL
NDLT : J’avais fait un article il y a longtemps sur les Frères Koch, Bannon, l’argent américain qui servait à promouvoir l’extrême droite internationale.
Argent noir versé en Europe pour promouvoir l’extrême droite et détruire l’UE
