Le Premier ministre britannique, Liz Truss, démissionne. Quelle est la prochaine étape pour la Grande-Bretagne et sa position dans le monde ?

 

La porte tambour  continue de tourner. La première ministre britannique, Liz Truss, a démissionné jeudi après seulement quarante-quatre jours de mandat – et 105 jours après que son prédécesseur, Boris Johnson, ait également tiré sa révérence. La décision de Mme Truss intervient après qu’elle a abandonné ses projets de réductions d’impôts qui avaient fait chuter les marchés financiers et exacerbé la crise budgétaire du Royaume-Uni. Qui sera le prochain à prendre la tête du 10 Downing Street ? Un nouveau leader pourra-t-il calmer les marchés et stabiliser la politique instable du pays ? Nos experts font le tri parmi les candidats possibles et discutent de ce que ce remaniement politique signifie pour le Royaume-Uni et sa position dans le monde.

 

Liz Truss entrera dans l’histoire comme un morceau de quiz de pub – qui a été le Premier ministre britannique le moins longtemps en poste ? Si l’on considère que le précédent détenteur du titre, George Canning, brièvement premier ministre du roi George IV, est mort en fonction en 1825, son échec est en fait encore plus flagrant. Cependant, Trussenomics, en tant qu’expression, insulte ou avertissement dans la vie politique – à savoir qu’un budget britannique est dangereusement non chiffré et pourrait effrayer les marchés obligataires – durera bien plus longtemps que ses quarante-quatre jours au pouvoir. La peur de répéter ses erreurs freinera l’ambition non seulement du prochain chef du parti conservateur qui lui succédera, mais aussi, presque certainement, du prochain premier ministre travailliste. Son héritage – à tort ou à raison, étant donné que les mouvements du marché n’étaient en fait pas directs – sera une Grande-Bretagne plus nerveuse à l’idée d’emprunter et plus désireuse de taxer.

Des cinquante-six premiers ministres du pays depuis que la fonction a été créée en 1721 par Lord Walpole (qui a également été le plus longtemps en poste, avec vingt ans de règne monarchique), Mme Truss rejoindra Lord North, “qui a perdu l’Amérique”, et Anthony Eden, qui a vu le président américain de l’époque, Dwight Eisenhower, humilier la Grande-Bretagne lors de la crise de Suez, comme synonyme de désastre. Un homme politique qui a perdu le contrôle de son message, puis de son budget, puis de son parti, au point que l’opposition travailliste battait des records dans les sondages d’opinion avec des parts de voix hypothétiques de 54 %. Chaque premier ministre désastreux devient une leçon à retenir dans la politique britannique : La leçon de Lord North est de ne pas s’enliser en essayant d’arrêter la marée anticoloniale par tous les moyens possibles ; celle d’Eden est de ne pas défier les États-Unis. On se souviendra de Trussenomics pour avoir rappelé aux gouvernements que toute coalition électorale risque d’imploser lorsque le public les rend responsables de la forte hausse du coût des prêts hypothécaires. Ses successeurs éventuels peuvent jubiler aujourd’hui, mais c’est ce qui les inquiétera dès la semaine prochaine – lorsque le parti conservateur devrait avoir choisi son dernier premier ministre.

-Ben Judah est le directeur de l’initiative Transform Europe du Centre européen.

Experts react: UK Prime Minister Liz Truss resigns. What’s next for Britain and its standing in the world?