Poutine : le désordre que l’extrême droite et l’extrême gauche ont en commun.

Une des bizarreries de la guerre en Ukraine a été de voir des dirigeants d’extrême droite tels que Marine Le Pen, Matteo Salvini et Nigel Farage revenir de leur adoration de Vladimir Poutine, tandis que leurs pairs d’extrême gauche atténuaient les excoriations de Poutine sur l’OTAN. Cela a dû ressembler à regarder ceux qui avaient soutenu Hitler essayant de retourner leurs vestes en Septembre 1939.

L’extrême droite et l’extrême gauche d’aujourd’hui partagent une vision commune : la haine de sa propre nation, du moins dans son incarnation actuelle, et la recherche d’un meilleur pays étranger à aimer.

Mais pour l’extrême droite et l’extrême gauche d’aujourd’hui, le dégoût de sa propre nation est la condition de base.

Poutine : le désordre que l’extrême droite et l’extrême gauche ont en commun.

George Orwell l’a vu en premier. En mai 1945, dans son essai « Notes sur le nationalisme », il définit le « nationalisme transféré » : des personnes déplaçant leurs loyautés nationalistes vers un autre pays. Le Napoléon corse et l’Hitler autrichien étaient des études de cas.

Orwell a écrit qu’à son époque, le phénomène était le plus fort parmi les intellectuels occidentaux de gauche, dont le transfert de loyauté était «généralement vers la Russie».

Les pays /personnes à la mode du nationalisme transféré changent avec le temps. Il est toujours utile d’en savoir peu sur le pays adoré, afin de pouvoir l’idéaliser en toute sécurité. Dans les années 1960 et 1970, l’extrême gauche vénérait Cuba, le Nord-Vietnam de Ho Chi Minh et la Chine de Mao. Pendant ce temps, à droite américaine, écrit l’auteur canadien Jeet Heer, la revue National Review “a publié des annonces pour des agences de tourisme proposant des voyages” vers l’Afrique du Sud de l’apartheid et l’Espagne et le Portugal fascistes. Plus tard, la droite américaine a adopté l’Israël de Benjamin Netanyahu, tandis que des gauchistes comme Jeremy Corbyn ont choisi la Palestine et ont embrassé ce qu’on a appelé le « khomeinisme », du nom du défunt ayatollah iranien.

Presque n’importe quel mouvement politique sera occasionnellement tenté de rejeter son propre pays. Certains de mes compatriotes britanniques restants l’ont fait après le vote sur le Brexit, transférant souvent leur nationalisme à l’Allemagne d’Angela Merkel.

À d’autres moments, son propre pays devient impossible à aimer : l’Allemagne nazie, et peut-être la Russie de Poutine. Mais pour l’extrême droite et l’extrême gauche d’aujourd’hui, le dégoût de sa propre nation est la condition standard.

Pour l’extrême gauche, cela se résume typiquement à la notion de péché originel. Les crimes passés de son pays d’origine – colonialisme, esclavage, génocide – préfigurent tout ce qu’il fait aujourd’hui.

Le penseur américain d’extrême gauche Noam Chomsky, par exemple, condamne l’invasion de Poutine mais blâme les États-Unis, ajoutant : « Les États-Unis ont une longue histoire de sape et de destruction de la démocratie. Dois-je l’énumérer? L’Iran en 1953, le Guatemala en 1954, le Chili en 1973, ainsi de suite. Pour Chomsky, son propre pays ne pourra jamais apprendre de ses péchés et s’améliorer.

(NDLT : exactement comme notre cher Mélenchon qui a  carrément dit que c’était l’OTAN l’agresseur, en direct sur France Info en Février 2022, avant l’invasion de l’Ukraine, puis a changé légèrement son fusil d’épaule ensuite en disant oui la Russie est l’agresseur, mais l’OTAN est quand même responsable. Il maintient d’ailleurs son désir de sortir de l’OTAN, “organisation inutile qui crée des tensions” selon lui, et de rejoindre une alliance bolivarienne!)

Extrait : Vous sortez des traités européens, vous sortez de l’Otan, vous sortez de l’OMC, mais la France ne reste pas seule puisque chapitre 62, nous adhérons à l’Alliance bolivarienne, dont les principaux pays membres sont Cuba et le Venezuela et les pays observateurs, la Russie et l’Iran. Cuba et le Venezuela ne sont pas des démocraties, et la Russie et l’Iran non plus», relève le journaliste.

Donc, tout est dit et bien dit, on sait où vont ses préférences et où cela mènerait la France. Droit dans le mur ! Mélenchon est tout aussi dangereux que l’extrême droite.

 

https://www.liberation.fr/politiques/2017/04/13/qu-est-ce-que-l-alliance-bolivarienne-que-souhaite-rejoindre-melenchon_1562258/

 

https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Jean-Luc-Melenchon-propose-des-alliances-altermondialistes-hors-de-l-Otan-1792340

En revanche, les nationalistes d’extrême droite qui méprisent leur propre nation se concentrent sur la trahison. Ils croient que le vrai pays a été sournoisement remplacé par un faux pays plein d’immigrants et de coutumes «woke. Rappelez-vous l’avertissement de Trump aux marcheurs du Capitole, le 6 janvier 2021 : « Si vous ne vous battez pas comme un diable, vous n’aurez plus de pays.”

De ce point de vue, la modernité équivaut à la destruction. Le philosophe britannique Roger Scruton — « le plus grand penseur conservateur moderne », selon Boris Johnson — a écrit dans une « oraison funèbre » pour son propre pays : « La vieille Angleterre pour laquelle nos parents se sont battus a été réduite à des enclaves isolées entre les autoroutes. ”

La promesse nativiste est que la trahison peut être inversée, qu’un jour ce sera à nouveau brillant et ensoleillé comme en 1955. Mais pour l’instant, si les globalistes politiquement corrects effacent leur nation, alors les nativistes doivent trouver un autre pays à aimer – un pays qui est resté pur, blanc et martial, où personne n’est autorisé à s’opposer au Leader, et où les hommes sont toujours des hommes, et les femmes de simples femmes.

Pendant des années, le principal bénéficiaire du nationalisme transféré, comme à l’époque d’Orwell, a été la Russie. Après que Trump soit devenu président, la plupart des républicains américains qui ont exprimé un point de vue considéraient la Russie comme une nation amie. Ou regardez la photo sur les tracts de campagne originaux de Le Pen de sa poignée de main à Poutine : Make France Great Again se transforme en Make France Russia. Moscou a encouragé de tels sentiments avec des avantages monétaires. Le parti de Le Pen a contracté des emprunts auprès de la Russie pour un montant de 11 millions d’euros, entrant inévitablement dans une relation d’obligation.

Maintenant que la Poutinophilie est devenue au moins temporairement embarrassante, l’extrême droite a besoin d’une nouvelle nation favorite. La Conférence d’action politique conservatrice de la droite américaine se réunit à Budapest en mai avec un discours liminaire du Premier ministre hongrois nativiste Viktor Orban.

Mais peut-être que le nationaliste le plus en vue qui attaque actuellement son propre pays, détruisant les vies paisibles, non héroïques et modestement prospères de son peuple, est Poutine lui-même. Comme l’a noté The Economist : “Il dit qu’il aime la patrie, mais ses actions suggèrent le contraire.” C’est comme l’amour romantique pour une vraie personne imparfaite : le pays moderne actuel n’est jamais à la hauteur de l’idéal nationaliste.

George Orwell avait raison. Haïr son pays est tout aussi mauvais que l’aimer aveuglément.

https://www.lexpress.fr/actualite/idees-et-debats/invasion-russe-quand-jean-luc-melenchon-souhaitait-la-desagregation-de-l-ukraine_2168956.html

 

https://www.ft.com/content/ffbce62f-5d2c-42d5-9f31-44541e0fa051

Traduction et commentaires : Murielle STENTZEL.