Un point de vue intéressant d’un journaliste Britannique (dont j’avais déjà traduit un remarquable article sur la Russie et les antivax sur ce même site).
C’est la saison des transferts dans la droite dure française. Trois hommes politiques passés de Marine Le Pen à Éric Zemmour.
Le marché est ouvert au sein de l’extrême droite française.
Deux personnalités politiques élues au Parlement européen sous la bannière du Rassemblement national de Marine Le Pen ont fait défection au profit de son rival ultra-nationaliste, Éric Zemmour. Tout comme un assistant parlementaire. Deux d'entre eux sont des poissons moyennement gros. Le plus connu est Gilbert Collard, un célèbre avocat devenu politicien qui a été un compagnon de route du lepennisme pendant 10 ans. Il a été élu au parlement national puis au parlement européen sur une liste RN mais n'a jamais adhéré à son parti. L'autre eurodéputé renégat, Jérôme Rivière appartenait au principal parti de centre-droit, Les Républicains, alors appelé UMP. Il a rejoint Le Pen en 2017 et a été porte-parole de sa campagne lors de l'élection présidentielle de cette année. ...
C’est incontestablement embarrassant pour Le Pen. Mais le timing est, à première vue, surprenant. Le Pen est en hausse dans les sondages d’opinion ces dernières semaines. Elle semble à nouveau un pari raisonnable pour prendre l’une des deux premières places du premier tour le 10 avril et atteindre le second tour deux semaines plus tard.
Zemmour, son rival d’extrême droite, est tombé à la quatrième place dans les sondages à 12-13% après avoir grimpé à 19-20% en septembre. Ses chances d’atteindre le second tour semblent proches de zéro. Pourquoi alors abandonner un candidat montant pour un candidat en difficulté ? Est-ce un cas rare de rats rejoignant un navire en perdition ?
L'explication est la vision à plus long terme. Les trois renégats ont probablement évalué à zéro les chances que Le Pen ou Zemmour remportent la présidence cette année. Ils sont découragés par l' amateurisme et le manque de fonds du Rassemblement national de Le Pen. Ils pensent que sa défaite marquera la fin de la domination du lepennisme sur l'extrême droite. Ils s'attendent à l'émergence d'un mouvement nationaliste plus large, d'extrême droite, avant la prochaine élection présidentielle en 2027 et veulent faire partie de ce changement tectonique de la politique française.
Tout indique que la campagne de Zemmour tombera à plat et échouera ce printemps. Ses notes négatives ont augmenté pendant la campagne. Dans le dernier classement Paris Match-Ifop de la popularité politique, il arrive 34ème avec seulement 27% d’approbation , Le Pen est 12ème avec 40%.
Pourrait-elle donc battre le président Emmanuel Macron dans une bataille à double sens le 24 avril ? Les sondages suggèrent qu'elle s'en rapprocherait plus qu'en 2017 (66-34%) mais Macron l'emporterait par 10-12 points. Les trois renégats sont évidemment d'accord avec les sondages. Les gens de Zemmour restent agressivement optimistes quant à ses chances cette année. Ils voient les trois ajouts de mi-saison comme la preuve que la campagne est sur le point de revenir dans sa direction. Ils parlent de nouvelles défections, cette fois du centre-droit Les Républicains (LR).