Une ambivalence qui exerce notre appétit de résistance

 

Terre théâtre des événements

Deux camps résolument distincts, d’origines politicienne, sociétale, scientifique et intellectuelle confondues, se sont progressivement constitués, de sorte qu’aujourd’hui les membres de l’un se prévalent de diffuser une information absolument authentique, a contrario de celle que diffuse l’autre. Grâce aux moyens de communication que le progrès met à notre disposition, chaque individu afférent à l’une de ces structures, dont l’organisation est à l’inverse de ce qui représente pour lui l’adversité, est en mesure de scander, parfois haut et fort, que ses opposants ne font que répandre mensonges, malversations et corruption sur notre citoyenneté. Comme si cela ne suffisait pas et pour couronner le tout, alors qu’on le constatait déjà en maints endroits disséminés à la surface du globe, ce phénomène est devenu radicalement mondial, dès lors qu’on a commencé de l’observer dans un contexte de pandémie. Ce coup dur de mère Nature, laquelle, c’est de bonne guerre, ne fait que réagir aux maux qu’on lui inflige, met donc à mal l’Humanité, augmente les aspérités présentes à la surface d’un modernisme qu’on a aussi omis de protéger et creuse d’autant plus l’écart entre les deux clans que j’ai commencé d’évoquer.

Il est donc établi que depuis de nombreux mois et au sein de tous les peuples de notre planète, chacun subsistant à sa façon, plus ou moins souple ou arbitraire, un climat de suspicion se répand, rampe dans leur société respective et frappe au quotidien, pour ne pas dire en permanence, la vérité de plein fouet. Qu’en est-il du sort de celles et ceux dont je fais partie et qui ne supportent pas, voire plus, de vivre dans une atmosphère de cet acabit ? Ils s’adaptent, mutent,  se métamorphosent, pour les plus patients, en des êtres dont on dira un jour qu’ils ont été façonnés grâce aux facéties d’une nature sur laquelle on peste en l’occurrence sans raison. Les autres, qui ne sont plus en mesure de prendre un recul nécessaire sur la situation, se dirigent sans gouvernail et rament vers l’une des berges auxquelles on leur propose d’accoster, parfois oscillant brutalement entre les deux, mais ne rencontrant que rarement celui ou celle qui leur ouvrira les yeux pour leur permettre de cesser de tanguer dangereusement.

Si nous restions bien à l’abri

Nous pourrions nous contenter de cela, sentir qu’on est en place quelle que soit la force du vent et que rien ne détruira jamais la plus solide maison des trois petits cochons. Nous y resterions blottis tranquillement en attendant que le ciel s’éclaircisse, que le loup s’éloigne, mais ce serait sans compter, ne l’oublions pas, sur le fait que l’une des deux organisations du départ est forcément mauvaise et donc capable de profondes destructions. C’est ce qui nous fait fatalement baigner dans le cloaque d’une actualité qui se nourrit et gonfle à vue d’œil au moindre signe de faiblesse émis par les protagonistes de ce combat. J’affirme solennellement que je suis trop pacifiste pour y participer mais force nous est de constater que quiconque ne peut plus y échapper.

Toutefois n’est-ce pas là que se situe notre salut, que plus aucun être humain ne puisse fuir ses responsabilités et ne manque d’être mis au pied du mur de sa conscience, de son intuition et de sa raison ?

Démocratie cybernétique

D’aucuns diraient qu’il y a de quoi nous rendre fous, mais cela devient au contraire passionnant et vertigineux de penser que de surcroît, dans le cadre de cette campagne présidentielle et pour la toute première fois dans l’histoire de la République, personne — et je pèse mes mots — ne pourra détourner son regard des urnes ; en tous les cas pas sans une profonde interrogation quant à la signification de son refus de participer à ce précieux scrutin. Dans un peu plus de trois mois, au soir du 10 avril de cette année, tout le monde aura les yeux rivés sur un écran ou les oreilles aux aguets dans l’attente de son résultat. Trop de paroles malencontreuses, salissantes et avilissantes ont d’ores et déjà été prononcées pour qu’elles ne se propagent pas dans chaque foyer, qu’il soit pauvre, modeste, luxueux ou fastueux, et ne touchent l’ensemble de ses occupants au point de se sentir pleinement concernés. On pourrait appeler cela de la démocratie cybernétique.

Mister SARS-CoV-2 !

C’est aussi parce que nous avons tous temporairement pris l’habitude de nous intéresser au même sujet, en la personne de maître SARS CoV le Second, lequel a de ce fait réalisé un exploit que seule jusqu’ici notre propre mort avait accompli. Qui ne se sent pas depuis son apparition remué par tel ou tel événement important survenant dans un pays qui n’est pas le sien ; même si nous en oublions rapidement l’information car elle est vite remplacée par une suivante aussi prépondérante. Chaque internaute qui agit à bon escient apporte sa pierre à un édifice mondial, tandis que d’autres prennent part à sa dissolution. Au-delà des ententes nécessaires à l’affaiblissement d’un coronavirus qui a pour vocation de disparaître, son œuvre terminée, les peuples entre eux ont appris à se soutenir et l’on reconnait aux fruits de la claustration, l’arbre de ceux qui prônent que notre civilisation serait supérieure à n’importe quelle autre et qu’il faudrait l’en isoler pour quelle subsiste. C’est pourtant foutaises et l’exact opposé de ce qui contribua à la concevoir, mais nombreux y croient. Comme vous pouvez le constater, nous ne les ignorons pas.

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