Reconquête, de drôles de paroissiens


Vendredi 4 mars, comme repris sur le site “20 minutes”, Eric Zemmour a été condamné, ainsi que son parti “Reconquête”, pour « contrefaçon de droits d’auteur » après l’utilisation non autorisée d’images de films dans son clip de campagne. Ils devront verser un total de 70.000 euros aux plaignants ; parmi lesquels les sociétés Gaumont et EuropaCorp, les réalisateurs Luc Besson et François Ozon ou encore la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD).

Cette condamnation vient s’ajouter à une série déjà longue, entre condamnations définitives ou en appel, dont cette dernière. Les très efficaces « Sleeping Giants » ont édité ce visuel sur Twitter.

Mais en fait, en revenant sur de nombreuses affaires que j’ai pu enregistrer au fil de l’actualité – mais qui ont été très vite « zappées » par les grands médias – on se rend compte que le polémiste d’extrême-droite a réuni autour de lui des personnages n’ayant guère marqué de respect pour nos lois ou règlementations diverses. Dit autrement, pour le nouveau parti « Reconquête » qui déclame un discours véhément contre la supposée faiblesse de la Justice, on a vraiment affaire à de drôles de paroissiens ; ceci aussi pour moucher d’autres discours du même Zemmour crachant son mépris des minorités, au nom du “droit d’aînesse du catholicisme”.

Je ne prétends pas avoir épluché les curriculum-vitae de tout son état-major, et bien sûr il ne s’agira ici que de comportements « border line », sans parler de l’idéologie violente véhiculée par Zemmour et son parti. Cinq éclairages donc sur cinq de ses lieutenants.


Olivier Ubéda

C’est le « maître d’œuvre des grandes messes d’Eric Zemmour » et il faut reconnaitre que celui qui a trente ans d’expérience dans l’évènementiel a plutôt bien réussi ses meetings, qui ont réuni du monde. Seulement, c’est aussi quelqu’un qui a été condamné par la Justice pour non-paiement de cotisations sociales, comme le relève cet article du journal « Le Monde ». Extrait à la suite.

« Quand il quitte l’UMP, dont il était jusque-là salarié, en 2009, il se lance dans le conseil en stratégie et signe pour la campagne UDI-Modem des européennes. Il exerce à partir de janvier 2010 en libéral, puis fonde Ubéda Partners le 3 mars 2014. Mais très vite, les ennuis s’accumulent, et l’entreprise s’écroule au bout de trois ans. « Le financement de la campagne est arrivé très tard, un mois et demi avant le scrutin, minimise-t-il. En attendant, moi il fallait que je mange et que je fasse manger mes collaborateurs. » Au prix de quelques acrobaties. L’Urssaf saisit la justice, il est en cessation de paiement le 22 août 2015, placé en liquidation judiciaire le 22 février 2017, et finalement condamné à la peine maximale le 9 novembre 2021, pour « faillite personnelle », avec l’interdiction de gérer une entreprise pendant dix ans. Il doit rembourser plus de 300 000 euros. »


Guillaume Peltier

Au début de l’année, on s’en souvient, Guillaume Peltier, un des vice-présidents du parti « Les Républicains » rejoignait Eric Zemmour et “Reconquête”. Seulement, avec une vraie méthode de voyou, il était quitté son ancienne « maison » en emportant les fichiers informatiques, ce qui lui a permis ensuite d’inonder par mail les adhérents avec le message suivant : “J’appelle tous ceux qui ont cru au RPR, ceux qui ont aimé Philippe Séguin et Charles Pasqua, ceux qui ont eu le cœur battant lors des campagnes de Nicolas Sarkozy, ceux qui veulent que la droite reste la droite, à nous rejoindre”.

Ce qui a immédiatement entrainé la réaction du président de son ancien parti, qui a porté plainte. Extrait de l’article en lien : “Pour Christian Jacob, Guillaume Peltier “n’était plus en droit de les utiliser”, comme il l’a écrit dans un courrier de signalement adressé à la présidente de la Cnil. Il a également écrit à Guillaume Peltier (…), pour dénoncer un “non-respect de nos règles et de nos valeurs” et rappeler que l’utilisation de fichiers par une personne non habilitée “relève du délit de détournement, puni de cinq ans d’emprisonnement et de 300.000 euros d’amende”.


Général Bertrand de La Chesnais

J’avais consacré le 10 janvier un article à ce général, très marqué à Droite et qui a été recruté comme directeur de campagne par Eric Zemmour. Je soulignais que cet ex-numéro deux de l’Armée de Terre, ayant rejoint la réserve, n’avait pas cru bon de démissionner ce qui était contraire au règlement.

Depuis, la ministre des Armées, Florence Parly l’a rappelé à l’ordre. « Bertrand de La Chesnais n’a pas pris sa retraite militaire, même s’il n’est plus en service actif. Il reste donc à la disposition de l’État et perçoit une solde. Il doit donc respecter le code de la défense qui impose que l’état militaire “exige en toutes circonstances loyalisme et neutralité”. Estimant que ce n’est plus le cas, en conséquence de son engagement auprès du candidat Zemmour, le ministère des Armées a rendu public le 20 janvier une mise en demeure à Bertrand de La Chesnais de prendre sa retraite militaire. »


Damien Rieu

Eric Zemmour a été très fier du ralliement, le 20 janvier, de cette figure bien connue de la « fachosphère », spécialiste de « l’agit-prop » et du buzz sur les réseaux sociaux. Ancien assistant parlementaire au Rassemblement National, ancien responsable de Génération Identitaire, il a déjà une douzaine d’années d’actions plus que « border line » puisqu’elles lui ont valu d’être condamné par la Justice comme l’occupation du chantier d’une mosquée à Poitiers. Comme on pourra le lire sur sa fiche Wikipedia, il a été condamné en décembre 2017, à 40 000 euros d’amende et à un an de prison avec sursis pour cette action. Mais « À l’issue du procès, qui a lieu le 19 juin 2020 à Poitiers, il est relaxé en raison d’une erreur de procédure, le tribunal ayant oublié de suspendre la prescription qui n’est que d’un an pour des faits d’incitation à la haine raciale et dégradation. »

Sur le parcours de Damien Rieu, ses accointances avec le pire de l’ultra-droite et ses participations à diverses manifestations violentes, consulter l’incontournable « Zemmourologue » sur Twitter.


Jean Messiha

C’est le plus intellectuel du groupe. D’origine copte, né en Égypte, naturalisé français à l’âge de 20 ans, il est devenu un modèle d’intégration puisque c’est un ancien élève de l’E.N.A. Il a basculé vers l’extrême-droite depuis une dizaine d’années, rejoignant les instances dirigeantes du Front National dont il a même été candidat aux législatives de 2017. Pourvoyeur de notes et études que ce parti lui a régulièrement facturé, il l’a quitté au moment de la candidature d’Eric Zemmour. Officiellement, c’était une question de « ligne », Jean Messiha trouvant trop accommodante sur l’islam la présidente de son ex-parti.

Mais en fait, d’après une enquête du journal « Le Monde » il s’agissait de tout autre chose : leur ex-consultant était accusé d’avoir fourni des études bidon, issues de plagiats. Extrait ci-dessous :

« Selon les informations du Monde, qui a pu consulter l’ensemble des contributions de Jean Messiha remises à la commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP), Jordan Bardella en a lui-même fait les frais lorsqu’il était tête de liste aux élections européennes. « Courant 2019, on s’est aperçu qu’une partie de ses travaux relevait de copiés-collés, confirme l’actuel président du RN. Nous avons alors décidé de prendre nos distances avec lui. » Entre le 9 janvier et le 25 mai 2019, Jean Messiha a facturé à la campagne pour les européennes treize notes et argumentaires, un coaching de Jordan Bardella et un déplacement à Metz pour un total de 16 200 euros. Or, sur les treize notes, neuf sont copiées, pour la plupart intégralement, de ressources déjà en ligne. »

A noter également que Jean Messiha a fait l’objet de plaintes et condamnations pour d’autres affaires, comme on peut le lire sur cet extrait de sa fiche Wikipédia :

« Le 18 octobre 2021, il est condamné à à 1 500 euros d’amende par le tribunal de Versailles pour injure publique à l’encontre du préfet des Yvelines, Jean-Jacques Brot, et à 2 000 euros au titre de la réparation de son préjudice moral, pour l’avoir qualifié d’« ami des islamistes ».  En décembre 2021, le journal Le Monde rapporte qu’il est l’objet d’une plainte de la part du journaliste Loup Viallet, auteur d’un ouvrage sur la politique africaine de la France, qui accuse Jean Messiha d’avoir plagié une quarantaine de lignes d’une de ses tribunes. Selon Loup Viallet, Jean Messiha « n’a jamais reconnu sa responsabilité dans ce qui s’apparente à une infraction pénale. »

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