Bertrand de La Chesnais, ombres et lumières sur un directeur de campagne


On l’a appris au début du mois de décembre : le général Bertrand de La Chesnais a été désigné par Eric Zemmour pour diriger sa campagne.

Les affaires militaires ne relèvent pas toutes du confidentiel défense, et comme il s’agissait, de par ses responsabilités et depuis longtemps, d’une personnalité publique, il était facile de recouper des informations à son sujet.

Côté lumière, d’abord, une carrière militaire exemplaire : sorti de Saint-Cyr en 1980, il a gravi tous les échelons jusqu’à finir Major général de l’Armée de terre de septembre 2014 à décembre 2017. Ayant servi successivement dans des unités de parachutistes, puis de l’Armée de terre, il a effectué un très grand nombre de missions en opération, puis comme auditeur et pilote de la réorganisation au sein de l’Etat-Major. Missions qui ont été particulièrement appréciées, puisqu’il est commandeur de la Légion d’Honneur et de l’Ordre National du mérite.

Faut-il s’en étonner ? Lui-même fils de général, proche du général Pierre de Villiers – ex-chef d’Etat major des Armées et frère de Philippe de Villiers -, ayant rallié officiellement Eric Zemmour il y a quelques semaines, il se situe clairement dans la mouvance de « la droite conservatrice ». Ainsi, il s’est engagé en politique en se présentant comme tête de liste pour la mairie de Carpentras, avec notamment le soutien du Rassemblement National, liste au final battue ; il a soutenu la liste du R.N de Thierry Mariani aux régionales de 2021 ; et c’était donc assez naturellement qu’il allait rejoindre l’équipe d’Eric Zemmour à l’automne dernier, étant dans une première étape son conseiller pour les affaires de défense nationale.

Côté ombre, d’abord ce qu’il a écrit sur sa page FaceBook l’été dernier à l’occasion du 14 juillet. Il y critiquait violemment la politique sanitaire du gouvernement, ce qui était son droit, mais avec en plus des formules dignes d’un discours d’ultra droite, lire ceci :

« 14 juillet 2021, une fête ? Alors que l’Etat perd la tête et ne se préoccupe plus de la Patrie, mais des intérêts de ceux qui exercent le pouvoir, y compris contre la Nation en la divisant, en jetant le soupçon sur une partie d’entre elle ou pour des intérêts opaques ou encore la laissant se fracturer. »

Côté ombre aussi, le rôle qu’il a certainement joué par ses contacts dans le voyage éclair d’Eric Zemmour à Abidjan, parti officiellement pour saluer nos troupes, qui combattent au Sahel contre les djihadistes. Une visite grotesque d’abord, car il n’a clairement pas pu rencontrer de militaires engagés au Mali, la base française visitée se situant à 1.500 km du théâtre des opérations !

Zemmour, on le sait, a fièrement exhibé des photos où on le voit serrer les mains de quelques soldats – qui s’étaient mis de dos, de manière à ne pas être identifiés. Mais même ainsi, il avait trahi ses engagements auprès du ministère de la défense, qui autorise des visites de politiques mais interdit des photographies en vertu du devoir de réserve de l’Armée. Ceci a été officialisé dans la série de tweets reproduits ci-dessous.

Quand au général de La Chesnais, il a clairement fait passer une priorité politique au-dessus du respect des règles.


Mais ne va-t-il pas encore au-delà ? Lui-même dit qu’il n’est plus soumis au devoir de réserve. Ce n’est pas l’avis de Jean-Michel Apathie, qui s’en expliqué sur l’enregistrement ci-dessous : pour lui, général à la retraite certes mais faisant encore partie de la réserve, il n’avait pas le droit de s’engager ainsi politiquement. Affaire à suivre.



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