Est-ce bien surprenant ? Il a pour modèle Orban et Poutine, des dirigeants de régimes « i-libéraux » ayant éliminé la plupart des contre-pouvoirs pour assoir leur domination une fois élus : Zemmour trouve donc insupportable le Conseil Constitutionnel.
Cela fait longtemps qu’il le dit, mais à l’époque personne ne s’en inquiétait, alors qu’il n’était considéré que comme un polémiste. Ainsi, alors qu’il avait une tribune sur RTL, il avait déjà affirmé en 2016 que « le Conseil Constitutionnel est un coup d’Etat permanent » … rien que cela !
Cette volonté de museler tout contrôle a posteriori des lois votées à l’Assemblée, il l’a redit clairement le 7 décembre au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV : « Ce n’est pas le Conseil Constitutionnel qui fera, si je suis élu, la politique de la France. Il faudra qu’il s’y habitue. » Voir son tweet. Lire aussi un des commentaires sous son tweet : « Alors si je comprends bien : le Conseil Constitutionnel muselé, la Cour Européenne muselée, les oppositions muselées, les journalistes muselés, la justice aux ordres, les contre-pouvoirs muselés. Dites – moi, ce n’est pas la définition d’un régime autoritaire … Orban votre modèle. »
Zemmour a dit ici une calomnie pure, bien dans son habitude. On l’a vu récemment avec la crise sanitaire, les « sages » ne retoquent pas systématiquement toutes les lois ; et cela, même si certaines modalités peuvent être amendées pour rester conforme à la Constitution et à ses principes.
Pour bien recadrer ses propos, on peut d’abord essayer de mieux comprendre les attributs du Conseil Constitutionnel en se référant à cet article très détaillé, factuel et bien loin des délires que sait si bien vendre à son public cet agitateur d’extrême-droite.
Mais il faut en priorité voir et entendre Luc Ferry, l’ancien Ministre de l’Education Nationale, rappeler avec force le danger mortel que serait un exécutif sans contre-pouvoirs. Ferry, faut-il le rappeler, s’est toujours engagé dans le camp gaulliste, et soutient aujourd’hui Valérie Pécresse : pas vraiment un « islamo-gauchiste », pour reprendre l’étiquette d’infamie utilisée par Zemmour pour discréditer ses contradicteurs.