L’ombre d’une défaite

Ce qui convient au plus grand nombre déplait souvent à la personne dans son état individuel. Aussi ce qui convient à l’individu, dans ses besoins primaires, personnels, uniques et parfois exigeants, peut s’avérer néfaste pour un groupe. C’est d’autant plus vérifiable lorsque ce rassemblement est à l’échelle d’une société ; ou tout au moins d’une multitude réunie dans l’atmosphère fiévreuse d’un meeting électoral. L’impression laissée par la grand messe de Reconquête hier au Zénith de Toulon confirme cette règle. Elle restera un cas d’école et ce ne sera pas celle de la réussite en politique.

Zemmour et les piètres prêtres de son idéologie rétrograde, brossent leurs zélateurs dans le sens du poil. Ils n’ont nulle autre méthode pour séduire leurs prospects, que de les appâter avec de vaines paroles, de les ferrer avec des promesses toutes faites et de les enfermer dans la nasse de leur vision réactionnaire. Hier, rien ne leur aura été épargné pour les maintenir en alerte. Ce ne fut, d’un bout à l’autre de ce spectacle suranné, que démonstration d’un populisme rance, qu’on ne peut plus guère observer qu’en visionnant des enregistrements historiques, datant d’une époque qui oscille entre ’33 et ’42 du siècle dernier. Rien, pas même une risible séquence émotion d’anthologie, dont vous trouverez le début à la seizième minute de la vidéo ci-dessous. Scène qui confirme une autre expression où il est question que l’hôpital se fout parfois de la charité. Mieux vaut rire du fait qu’on y apprenne que Zemmour serait le rassembleur dont la France a besoin.

Saluons tout de même, car rien n’est imparfait, qu’Olivier Ubeda, organisateur de ces rencontres, ait fait en sorte que les personnes malentendantes puissent suivre cet immanquable message.

Je n'ai bien sûr pas fait ce montage vidéo pour vous encourager à adhérer à la Reconquête, même si en étant poussé suffisamment fort, on y croirait.

Un simulacre de démocratie

Zemmour martèle, à qui veut l’entendre, que la démocratie est le respect de la parole du peuple. Au point d’avoir donné ouvertement des circonstances atténuantes à Vladimir Poutine. Jusqu’à ce que celui-ci déclare la guerre à l’Ukraine. Et même récemment, Zemmour soutenait qu’on ne peut enlever au président russe d’être un démocrate puisqu’il aurait été élu au suffrage universel. Comme ce mentor il se gargarise d’image de foules en train de l’acclamer. Mais n’oublions pas que ces gens ne sont rassemblées que par l’entremise de méthodes qui ont pour l’instant conduit Wikipédia et Twitter à sanctionner les procédés de son équipe de campagne. Dans le cas du réseau à l’oiseau bleu, ce fut dit-on une erreur.

Décevante prestation à la tribune

Tout cela n’est que mise en scène, tellement désuète qu’elle en devient grotesque à toute personne ne versant pas dans la combine. C’était aussi hier l’occasion de présenter la nouvelle recrue du parti : Marion Maréchal. On nous l’avait présentée comme une femme politique d’exception et j’avais hâte de voir comment elle se comporterait dans ces conditions. Ne serait-ce que par respect envers l’adversaire. Je ne pensais pas que sa participation serait aussi mauvaise et somme toute, faisant abstraction du décorum, aussi mièvre. Mais ce qui m’interpelle le plus, c’est ce manque de sérieux dont on l’a vue faire preuve et qui contraste tellement avec les sujets qui ont été abordés. Cette femme est en fait niaise et loin d’être aussi sereine devant un parterre d’auditeurs, que lors de joutes verbales où on nous la décrit comme terriblement brillante. L’effort que j’ai fait à l’écouter m’aura au moins permis de comprendre que cette réputation est largement usurpée. Ce serait bien de ne pas l’oublier lors de ses interventions télévisuelles, afin de plus se concentrer sur ses propos et l’expression de son effrayante pensée, que sur son apparence.

Rendez-vous manqué

Inutile non plus de focaliser sur Reconquête, ses soutiens, ses équipes ou ses affiliés. C’est probablement la principale faille de ce mouvement qu’il ne repose sur rien de tangible, à part un journaliste devenu homme politique. Fort heureusement il n’a rien de comparable avec ces dictateurs qui ont entrainé des millions de gens dans les plus sordide aventures humaines. C’est certes ce que nous craignons mais rien de cet ordre ne peut advenir ; pas de nouveau.

Vous le savez peut-être déjà, Zemmour nous a donné rendez-vous le 27 de ce mois de mars 2022 pour dit-il, le plus grand événement de cette campagne présidentielle. Non le plus grand c’est malheureusement qu’une guerre aux portes de notre continent a commencé pendant ce laps de temps. Il n’y a plus de place à notre époque pour un scénario de ce genre, celui d’un homme portée aux nues de l’Histoire parce qu’il serait digne d’être élevé au rang d’élu du peuple. Je le disais précédemment, il faut s’en retourner séjourner quelques instants dans les pires heures de la Seconde guerre mondiale pour retrouver cette ferveur populaire, qui ne prit alors d’ampleur que parce que des milices au début, jusqu’à une puissante organisation de répression, ne fasse le tri parmi les votants. L’internaute ne permet plus cela et dégaine du hashtag plus vite que son ombre.

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