Pourquoi les nationalistes d’extrême droite comme Steve Bannon ont comme modèle un idéologue Russe .
Et comment ses fantasmes médiévaux déforment l’histoire pour sa cause.
Stephen K. Bannon est de retour. Il a fait le tour des États-Unis et de l’étranger, parlant d’unir “l’Occident judéo-chrétien” dans un appel clair à la violence contre le monde islamique. ( Ça vous dit quelque chose? oui !! Notre cher Zemmour en parle souvent, c’est son nouveau mantra, et ses photoshoots de Noël devant une crèche ,devant un sapin , ses déclarations sur la chrétienté , tout en exhibant aussi ses racines juives quand çà lui sert, montrent comment il cultive cette ambiguïté ). Pas une surprise,puisque l’extrême droite internationale suit les mêmes idées, les mêmes mentors.
De Bannon à Farage, en passant par Salvini, et maintenant Zemmour, tous ont employé ces termes de Dugin. Il s’agit ni plus ni moins de pureté raciale, de théorie de grand remplacement. Bref , de fascisme.
Le retour de Bannon devrait susciter des inquiétudes. Il est devenu clair pendant son séjour dans la campagne Trump puis dans l’administration que l’ancien chef de Breitbart était un acteur clé dans l’intégration de l’alt-right aux États-Unis. Mais la réémergence de Bannon est liée à la propagation mondiale de l’extrême droite aux États-Unis et en Europe.
Et Bannon utilise une version raciste de l’histoire du Moyen Âge pour justifier et légitimer sa vision de l’impérialisme nationaliste.
Pour comprendre Bannon et la menace posée par sa réémergence, nous devons connaître le dangereux idéologue russe qui l’a inspiré: Aleksandre Dugin, un homme appelé jadis «Le philosophe le plus dangereux du monde» pour son influence sur la politique mondiale.
Analyste politique russe et fasciste moderne, Dugin a écrit des dizaines de livres exposant sa philosophie politique. Son idéologie eurasianiste est fondée sur un nationalisme religieux fondamentaliste qui cherche à créer un empire chrétien qui unit l’Europe et l’Asie dans une quête pour restaurer un «traditionalisme» ancré dans les valeurs chrétiennes orthodoxes conservatrices et la suprématie blanche.
Une des clés pour comprendre la politique de Dugin est sa fixation sur le Moyen Âge. Son site Web est recouvert d’imagerie et d’iconographie médiévales: les images d’icônes de saints, les mosaïques byzantines, les manuscrits et l’architecture des églises abondent. Dans ses écrits également, Dugin idéalise une version fictive du Moyen Âge, qui contraste fortement avec le monde moderne et le libéralisme, qu’il rejette.
Pour Dugin, l’impérialisme chrétien est une forme politique idéale qui garantit la pureté raciale. Il considère Rome comme l’empire vers lequel l’Eurasie doit retourner, une alternative à la modernité libérale d’aujourd’hui. Il loue Constantin d’avoir fondé un empire romain chrétien et appelle à une «troisième Rome», estimant que l’empire romain et son successeur européen médiéval sont les meilleurs modèles pour lutter contre la modernité libérale. Sa vision de l’Empire romain et de l’Europe médiévale exalte les triomphes du nationalisme chrétien blanc monolithique.
Le problème? Il s’agit d’une fabrication historique. L’Empire romain et l’Europe du Moyen-Âge étaient en fait extrêmement diversifiés – racialement et autrement – parce que les deux incluaient des cultures au-delà de la portée limitée de l’Europe occidentale.
Une composante vitale du rejet de la modernité par Dugin est l’adhésion au christianisme orthodoxe conservateur et, avec lui, à un antisémitisme aigu. Mais cela aussi est anhistorique. Dugin, Bannon et d’autres fondamentalistes de droite utilisent le terme subtil de «judéo-chrétien», qui semble indiquer des valeurs religieuses partagées, mais par le biais du supersessionnisme, il efface les différences et élimine le judaïsme en l’appropriant pour le christianisme.
En résumé, Dugin estime que «l’alternative à la notion de libéralisme est de« retourner au Moyen Âge ».»
Nota Bene : Depuis plusieurs années, Bannon s’est largement répandu sur sa vision d’un nouvel ordre mondial,et son implantation désormais confirmée en Italie a de quoi nous inquiéter terriblement. Car non seulement Cambridge Analytica n’est pas morte, mais existe sous le nom d’Emerdata, mais il va fabriquer une armée de soldats qui vont inonder les réseaux sociaux et prêcher sa parole . Bannon a passé des années en Russie, et épouse l’idéologie de Poutine , tous deux d’extrême droite, tous deux des idéologies similaires. La manipulation et l’attaque sur l’Union Européenne sont bien plus importantes que vous ne pouvez l’imaginer, il y a des réseaux étendus, puissants, partout et ils sont à l’oeuvre depuis longtemps et les fruits ont déjà porté. La montée en puissance en France se fait ressentir depuis un moment et ne va qu’aller crescendo d’ici 2022, car il faut éliminer ce président Europhile du tableau et mettre une alliée en place : LE PEN .
J’avais oublié avoir traduit cet article début 2020, mais avec la résurgence des propos de Bannon (utilisés ce jour même par Philippot pour sa manifestation antipass), il m’est apparu que je devais le partager de nouveau, car il reste d’actualité, Bannon n’a jamais disparu de la circulation, il a toujours oeuvré dans l’ombre , malgré des déboires très fugitifs avec la justice en Janvier 2021.
Traduction et commentaires : Murielle Stentzel.