The Insider poursuit sa série de reportages sur la façon dont la diaspora russe est devenue un bastion du régime de Poutine à l’étranger. Ils travaillent activement à la promotion des intérêts du Kremlin, même en temps de guerre. En France, les descendants de la noblesse blanche émigrée sont la principale ressource du “soft power” russe. Bien qu’étant des citoyens français de souche, nombre d’entre eux collaborent avec les autorités russes depuis des années, aidant au recrutement d’alliés parmi l’opposition et les milieux d’affaires français, et promouvant le récit de la russophobie occidentale et du génocide des habitants du Donbass. Aujourd’hui, avec le soutien du ministère russe des Affaires étrangères, de nombreuses organisations qui leur sont associées agissent contre l’OTAN et le “gouvernement de Kiev.” Nous ne sommes en mesure de révéler que des fragments de cette “toile”, car sa véritable ampleur n’a pas encore été établie.
NDLT : J’ai lu les autres articles mais je ne traduis que la partie qui concerne la France, gravement infiltrée par cette 5ème colonne Russe, et dont les noms ne cessent de s’ajouter car elle grandit au jour le jour. Il s’agit en fait de véritables ennemis intérieurs, et en cas d’agression , nous aurions à craindre de ces gens là.
Fin 2014, une lettre en ligne intitulée “Solidarité avec la Russie” a circulé, portant les signatures de plus d’une centaine de représentants de la noblesse russe vivant à l’étranger. La lettre a été rédigée par le prince et la princesse Dmitry et Tamara Shakhovsky avec l’aide d’un groupe appelé Russian Bridge. Les auteurs de la déclaration ont exprimé leur frustration face aux constantes “calomnies contre la Russie contemporaine, ses dirigeants et son président” et leur indignation face au “silence honteux” des autorités et des médias européens concernant les “crimes” prétendument commis par l’armée ukrainienne dans le Donbass.
Dans une interview accordée à Rossiyskaya Gazeta, le prince Dmitry Shakhovsky, qui dirige l’Union de la noblesse russe en France, a admis que pour les descendants de l’émigration blanche, “la Crimée n’a jamais cessé d’être russe” :
“Il y a un sentiment qu’en ce moment même, nous retournons à… “recréer la Sainte Russie”. <…> Tout au long de ma vie, j’ai défendu les valeurs qui m’ont été transmises par mes parents, au premier rang desquelles l’unité de la terre russe. Ainsi, lorsque cette unité se renforce, comme ce fut le cas avec l’annexion de la Crimée, cela signifie le retour du pays à ses racines et témoigne de sa résilience.”
Shakhovsky a été honoré du prix 2019 “Contribution à la coopération internationale” par le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov, il a déclaré que “la foi en la Russie devrait être la pierre angulaire de nos croyances. Cette foi est cruciale pour le salut du monde entier.” Ses deux fils, Ivan et Illarion, résident tous deux à Moscou. Ces dernières années, Ivan a travaillé comme vice-président du Comité de Saint-Pétersbourg pour la protection des monuments historiques et culturels, tandis qu’Illarion est associé à la Safe Internet League de Konstantin Malofeev. Malofeev est largement considéré comme l’agent de liaison du Kremlin avec les descendants de la “vieille” émigration russe et, à travers eux, avec les représentants des cercles conservateurs européens.
Des monarchistes de longue date
Le prince Zurab Chavchavadze, né à Paris et ancien président du Conseil suprême de la monarchie et représentant du “chef de la Maison impériale russe” en Russie, est l’un des plus proches collaborateurs de Malofeev dans ce domaine. Malofeev, fondateur de la chaîne de télévision Tsargrad, a raconté avoir rencontré le prince alors qu’il n’avait que 16 ans et l’a décrit comme “un guide vers le monde de la Russie prérévolutionnaire et de l’orthodoxie, la Russie que nous avons perdue.” M. Chavchavadze est impliqué dans presque toutes les entreprises de M. Malofeev : il a été directeur général et membre du conseil d’administration de la Fondation caritative Saint-Basile le Grand, a été responsable du lycée orthodoxe privé éponyme dans la banlieue de Moscou et a été membre du conseil de surveillance de la société monarchiste Double-Aigle, qui prône la restauration de l’Empire russe. Il a également aidé l’oligarque orthodoxe à nouer des liens avec l’extrême droite française.
En 2014-2015, une série d’enquêtes menées par les médias français a révélé des connexions entre le Front national de Marine Le Pen (rebaptisé par la suite Rassemblement National) et le Kremlin. Mediapart a découvert que le Front national a reçu un prêt de 9 millions d’euros pour sa campagne électorale de la First Czech-Russian Bank, dont le propriétaire était l’homme d’affaires Roman Popov, connu pour être proche de Gennady Timchenko. Quelques mois plus tard, 2 millions d’euros supplémentaires ont été déposés sur le compte de la société de Jean-Marie Le Pen par une entité chypriote appartenant à “l’ancien officier du KGB” et ancien directeur de VEB Capital, Yuri Kudimov. Les observateurs ont considéré l’aide financière de Moscou comme une récompense claire pour le soutien de l’extrême droite à l’annexion de la Crimée et, de manière générale, à la politique russe envers l’Ukraine.
Selon Canal+, Jean-Marie Le Pen a rencontré l’odieux philosophe Alexandre Douguine et Konstantin Malofeev lors d’une visite secrète à Moscou en octobre 2014 organisée par Zurab Chavchavadze. Dans une interview, Chavchavadze a admis connaître la famille de Le Pen depuis longtemps et a déclaré que Malofeev et le leader du Front national s’étaient rencontrés pour la première fois à Paris. Lorsqu’on lui a demandé si Malofeev avait apporté un soutien financier aux nationalistes français, Chavchavadze a donné une réponse évasive : “Vous ne serez jamais en mesure de le prouver”. Quant à Le Pen, il a confirmé que Malofeev l’avait aidé à obtenir un prêt pour sa campagne électorale.
À Vienne, fin mai 2014, Malofeev et Chavchavadze ont organisé un forum fermé pour commémorer le 200e anniversaire de la formation de la Sainte-Alliance. L’événement a été décrit par la publication suisse Tages-Anzeiger comme un rassemblement de nationalistes qui visaient à établir un mouvement conservateur paneuropéen pour contrer le lobby libéral gay qui dominait l’Europe. Alexander Dugin était l’orateur principal, et parmi les participants figuraient Aymeric Chauprade, député européen et conseiller en affaires internationales de Marine Le Pen, Marion Marechal-Le Pen, la nièce de la dirigeante du Front national, et des dirigeants de mouvements radicaux de droite d’Autriche, de Bulgarie, de Hongrie et d’autres pays. Nombre de leurs membres avaient déjà servi d’observateurs internationaux lors du référendum illégal en Crimée. Au cours de l’événement, les invités ont adressé des panégyriques à Vladimir Poutine, le saluant comme un “sauveur” et une réincarnation d’Alexandre Ier, qui avait initié la création de la Sainte Alliance des monarchies européennes après le renversement de Napoléon.
Les invités ont adressé des panégyriques à Vladimir Poutine, le saluant comme un “sauveur” et une réincarnation d’Alexandre Ier.
Chavchavadze aurait présenté Malofeev à Alexander Borodai, qui avait auparavant travaillé comme consultant en relations publiques pour Malofeev avant de devenir le chef du gouvernement autoproclamé de la République populaire de Donetsk (DNR). Dans une interview accordée à Russkaya Narodnaya Liniya, le prince a affirmé connaître Borodaï depuis son enfance par l’intermédiaire de son père, et avoir rencontré Igor Strelkov (Girkin) par son intermédiaire. À l’été 2014, alors qu’il était directeur de la Fondation Saint-Basile-le-Grand, Chavchavadze a signé un accord de coopération avec Borodai (Malofeev est considéré comme l’un des principaux sponsors des forces pro-russes en Crimée et des séparatistes du Donbass). Officiellement, l’accord visait à organiser la collecte d’aide humanitaire pour la population touchée par le conflit dans le Donbass. Le prince géorgien a raconté sa première rencontre avec Strelkov comme suit :
“Au cours de nos discussions avec Igor [Strelkov] et Konstantin Malofeev, nous avons jugé nécessaire de clarifier nos positions car nous étions sur le point de collaborer avec Strelkov, qui avait rejoint notre Fondation Basile le Grand avant même les événements de Crimée… Il s’est avéré que Strelkov était monarchiste, et que Konstantin Malofeev et moi-même étions, comme on dit, des monarchistes convaincus de longue date. Nos conversations tournaient également autour de Poutine, et ma position était simple : sans Vladimir Vladimirovitch, la Russie n’aurait pas existé en 2002 ou 2003. Notre pays aurait été bradé. J’ai vu que Strelkov partageait ces notions, et nous étions d’accord sur l’importance du rôle de Poutine.”
Tchékistes orthodoxes.
Le forum conservateur international Les familles nombreuses et l’avenir de l’humanité a eu lieu à Moscou en septembre 2014. La Fondation Saint-Basile le Grand et la Fondation Saint-André le Premier-appelé, un projet dirigé par Vladimir Yakunin, ont initié l’événement. Yakunin, l’ancien chef des chemins de fer russes, entretient également des liens importants avec les descendants des émigrants blancs. En 2010, il a organisé pour eux un voyage en mer pour commémorer le 90e anniversaire du départ de la flottille du général Wrangel de Crimée. Au cours de l’expédition, les participants ont retracé les pas de leurs ancêtres, mais en sens inverse, depuis l’Europe jusqu’à Sébastopol, ce qui symbolisait le retour des exilés sur leur terre natale. À l’époque, les médias d’État ont exprimé un soutien enthousiaste, décrivant le voyage comme “une fin symbolique de la guerre civile russe”.
Environ 200 défenseurs des “valeurs traditionnelles” – dont des personnalités publiques, des fonctionnaires et des scientifiques – venus de divers pays ont participé au forum “familial”. Aymeric Chauprade, mentionné plus haut, était l’un des invités de marque assis aux côtés de Malofeev, Yakunin, du patriarche Kirill et d’Elena Mizulina lors de la session plénière. Lors de son discours, le conseiller de Marine Le Pen a accusé l’Amérique de mener une guerre des idées contre la Russie et la Chine, et a salué Moscou comme un guide spirituel pour les autres nations. Fait intéressant, quelques années plus tard, Chauprade deviendra membre de la sous-commission sécurité et défense du Parlement européen, tandis que la fille de Dmitriy Peskov, Elizaveta, fera un stage dans son bureau.
À ce jour, Chauprade reste ouvertement pro-russe, utilisant son compte Twitter pour critiquer l’Occident qui soutient Kiev et prédire le triomphe de la Russie sur l’orgueil et la bêtise des Européens.
Le conseiller de Mme Le Pen a accusé l’Amérique de mener une guerre des idées contre la Russie et la Chine, et a salué Moscou comme un guide spirituel pour les autres nations.
Comme l’a découvert The Insider, un groupe distinct d’invités participant au forum était composé des “politiciens français du prince A.A. Trubetskoy”. Menée par Thierry Mariani, membre du Parlement européen et lobbyiste clé du Kremlin en France, la délégation a été reçue par Sergey Naryshkin, président de la Douma d’État, à peu près au même moment. Celui-ci a exprimé sa gratitude à ses collègues étrangers pour leurs “évaluations indépendantes” et leur “position équilibrée” sur la question ukrainienne. Nombre d’entre eux avaient ouvertement critiqué la politique de l’Occident à l’égard de la Russie, se rendant fréquemment en Crimée et justifiant son annexion. Par exemple, Mariani a estimé que l’annexion de la Crimée était “une fatalité historique”.
Le groupe de Mariani était accompagné du prince Alexandre Trubetskoï, président de la Société commémorative de la Garde impériale française, qui aide également le Kremlin à identifier des alliés potentiels en France. Alexandre, un descendant de l’idéologue de l’eurasisme Nikolai Trubetskoy, commerce avec l’URSS depuis les années 1970, fournissant des systèmes de communication à diverses organisations, dont le ministère de l’aviation civile, RAO UES de Russie, l’Académie des sciences et ITAR-TASS. Parmi ses partenaires importants en Russie figurait Igor Shchegolev, ancien ministre des communications et actuel envoyé présidentiel dans le district fédéral central. Trubetskoy a rencontré Shchegolev pour la première fois au début des années 1990, alors qu’il travaillait comme correspondant de l’ITAR-TASS à Paris, et qu’il était en fait un agent secret de la première direction principale du KGB. Shchegolev a également des liens étroits avec l’Église orthodoxe russe et est un ami et un soutien clé de Konstantin Malofeev. À la suggestion de Shchegolev, Trubetskoy a été élu président du conseil d’administration de la holding de télécommunications Svyazinvest à l’automne 2011.
Selon un profil du prince Trubetskoy publié dans Vedomosti, “de nombreuses personnes ayant joué un rôle important dans sa carrière seraient d’anciens officiers du KGB.” Trubetskoy s’est lié d’amitié avec Alexander Avdeev, qui avait été officier de sécurité et est devenu plus tard ministre de la Culture. Au début des années 2000, Avdeev était ambassadeur de Russie en France et était “très intéressé par l’amélioration des relations entre la Russie et les descendants d’immigrants”, a déclaré Trubetskoy. M. Avdeev a invité M. Trubetskoy à cofonder l’association Dialogue franco-russe (DFR) en 2004, qui a été créée sous le patronage de M. Poutine et de Jacques Chirac pour promouvoir la coopération bilatérale. Trubetskoy est ensuite devenu le directeur exécutif de l’association et, par coïncidence, Vladimir Yakunin et Thierry Mariani ont également occupé des postes de direction au sein de l’organisation.
Le Dialogue franco-russe était composé de politiciens, d’hommes d’affaires et de cadres supérieurs de certaines des plus grandes entreprises des deux pays, allant de la Vnesheconombank et de Rosoboronexport à Total et Renault. Selon M. Trubetskoy, l’association a “aidé par ses contacts à un très haut niveau.” Il s’agissait notamment de faire du lobbying pour obtenir des accords, d’organiser des voyages de parlementaires français à Moscou et vice-versa, et, après l’annexion de la Crimée, de “faire passer” la levée des sanctions contre la Russie. L’ambassade de Russie à Paris et Rossotrudnichestvo ont également participé aux travaux de l’organisation, la première en mettant à disposition ses locaux pour les réunions. En avril 2016, Mariani, qui était alors député à l’Assemblée nationale du parti d’opposition de centre-droit Les Républicains, a soumis à la chambre basse du Parlement un projet de résolution appelant le gouvernement à lever les sanctions car elles étaient “totalement inefficaces” et menaçaient l’économie française. Quelques mois plus tard, un autre membre éminent du Dialogue, Yves Pozzo di Borgo, a soumis une résolution similaire au Sénat. Les deux résolutions ont été approuvées par un vote majoritaire, mais elles n’avaient qu’un caractère consultatif.
Tôt ou tard, les autorités françaises allaient forcément se pencher sur le FRD. Selon Le Monde, en septembre 2021, le parquet de Paris a lancé deux enquêtes contre l’association – pour des soupçons de corruption, d’abus d’influence et de confiance, et de blanchiment d’argent. Mariani et Di Borgo sont au centre de la procédure.
Malgré cela, le Dialogue franco-russe continue de fonctionner comme un groupe affilié au Kremlin. Il prône la poursuite de la coopération avec la Russie en organisant des réunions, des entretiens et des conférences avec des experts et des propagandistes fidèles à Moscou, comme Peter Tolstoï. Les thèmes abordés lors de ces événements s’alignent sur l’agenda du Kremlin, notamment des sujets tels que “Le plan américain pour démanteler la Russie”, “Ce qu’ils ne vous disent pas sur l’Ukraine” et “La France et l’Europe ont-elles vraiment besoin de l’OTAN ?”. Du côté français, Thierry Mariani reste à la tête de l’organisation, tandis que Vladimir Yakounine en est le président d’honneur, et il ne figure toujours pas sur la liste des sanctions de l’UE. Comme l’a précédemment rapporté The Insider, le registre du commerce français répertorie deux adresses pour l’organisation : l’une est le bureau de Russian Railways sur les Champs-Élysées, et l’autre correspond à l’emplacement de la Maison russe de la science et de la culture à Paris, qui est une branche de Rossotrudnichestvo.
Yakunin et Trubetskoy ont également collaboré sur des questions liées à l’église. Fin 2016, ils ont participé à la consécration de la nouvelle cathédrale de la Trinité sur le Quai Branly à Paris, située près de la Tour Eiffel. La première liturgie dans cette plus grande église orthodoxe d’Europe a été personnellement dirigée par le patriarche Kirill. L’église est située dans l’enceinte du centre spirituel et culturel russe du Patriarcat de Moscou, qui comprend une école franco-russe, des salles d’exposition et de concert, plusieurs appartements haut de gamme et les bureaux de l’ambassade de Russie. Le terrain sur lequel le centre est construit a été acheté par le bureau exécutif du président russe.
La communauté française du renseignement s’est fortement opposée à la construction de la cathédrale de la Trinité en plein cœur de Paris. Le “centre spirituel”, situé à côté du palais de l’Alma – l’une des résidences officielles du président français – est considéré comme une plaque tournante potentielle pour l’espionnage russe. “L’église est très proche du ministère des Affaires étrangères et non loin du palais de l’Élysée. On craint que les négociations dans ces deux bâtiments d’État importants soient mises sur écoute depuis cet endroit”, a déclaré dans une interview au journaliste de RFI Nicolas Hénin, auteur du livre “La France russe : une enquête sur les réseaux de Poutine”.
Les envoyés de la Russie.
Lors du congrès du Conseil de coordination des compatriotes russes (CCRC), fin novembre de l’année dernière, l’ambassadeur Alexei Meshkov a remis à Trubetskoy l’insigne d’honneur du ministère des Affaires étrangères “pour contribution à la coopération internationale”. Dans son discours d’acceptation, le prince a parlé de manière grandiose de la supériorité spirituelle du “monde russe” sur le monde occidental. Il a qualifié la guerre en Ukraine d'”événements dans le sud de la Russie” et a décrit les membres de la diaspora comme les représentants de la Russie à l’étranger, qui doivent défendre fièrement “notre russitude” à tout moment.
Alexander Trubetskoy a expliqué à Vyacheslav Nikonov (chef de la Fondation du monde russe), animateur du talk-show “The Big Game” sur Channel One, comment il s’acquitte lui-même de cette tâche. Tous les efforts du prince sont aujourd’hui concentrés sur la lutte contre la “propagande anti-russe” en France – et sur la diffusion de la propagande du Kremlin :
“Les médias français invitent fréquemment les Ukrainiens, mais les Russes n’ont pas la même opportunité. De plus, [il y a des doutes chez certaines personnes], même parmi mes connaissances, quant à l’opportunité de nos actions. Il est de notre responsabilité de répondre constamment à ces préoccupations, et c’est la tâche principale de mon association, [la Société commémorative de la Garde impériale].”
En plus des membres réguliers de la CCRC, des militants du mouvement SOS Donbass, qui a organisé des rassemblements pro-russes en France, se sont également exprimés lors du congrès de novembre. Leur principal message est que les armes fournies par les pays de l’OTAN à l’Ukraine sont en fait utilisées pour tuer des civils dans le Donbass ou finissent par être vendues au marché noir. À l’automne, la fondatrice du mouvement, Anna Novikova-Bernet, (voir lien plus bas sur elle) a envoyé une pétition au Parlement français pour demander l’arrêt des livraisons d’armes à Kiev.
SOS Donbass affirme que les armes fournies à l’Ukraine sont utilisées pour tuer des civils dans le Donbass ou finissent par être vendues au marché noir.
Le 21 janvier, la dernière manifestation de soutien au Donbass a eu lieu dans la ville de Tarbes, située dans le sud-ouest de la France. Le groupe de manifestants, composé d’une quarantaine de personnes, arborait les drapeaux de la France, de la Russie et de la DNR autoproclamée, ainsi que des bannières portant des slogans tels que “STOP OTAN” et “Non au fascisme”. Une autre manifestation de nature similaire a été organisée sur le Champ de Mars à Paris en novembre dernier.
Il ne fait aucun doute que les représentants de SOS Donbass, présents au congrès des compatriotes organisé par le ministère des Affaires étrangères et Rossotrudnichestvo, ont des liens étroits avec les autorités russes. Il est également intéressant de noter que le principal collaborateur médiatique de Novikova-Bernet est Adrien Bocquet, un “reporter de guerre indépendant” français qui apparaît fréquemment sur la Première chaîne de la télévision russe et est connu pour avoir démystifié les prétendues “fake news” ukrainiennes sur Buca. Bocquet incite les personnes qui le suivent sur les médias sociaux à faire des dons à SOS Donbass et à participer à leurs manifestations.
Un autre organisateur de manifestations anti-OTAN est l’association France-Russie Convergences (France-Russia-Concord), qui agit également avec l’aval du ministère des Affaires étrangères. Ainsi, en juin, ses représentants ont été invités au Consul général de Russie à Marseille pour célébrer la Journée de la Russie. Dmitry de Koshko, éminent fonctionnaire de la CCRC, écrivain et ancien journaliste de l’AFP, dont le glorieux ancêtre Arkady Frantsevich Koshko était le chef de la police judiciaire de Moscou et contrôlait un vaste réseau d’informateurs de police, serait à l’origine de cette association.
Fin août, l’association a organisé un événement commémoratif à Nice en l’honneur de Daria Dugina. “Dasha a suivi les traces de son père Alexandre Douguine et ensemble ils ont poursuivi la voie eurasienne. C’est un chemin au-delà du nationalisme, du libéralisme et du communisme, que les Eurasiens considèrent comme des idées occidentales”, a déclaré M. de Koshko à TASS. <…> “Si l’Eurasie devient une puissance économique et politique majeure, cela sonnera la fin de la domination mondiale de l’empire anglo-saxon.” Aujourd’hui, de Koshko est un fervent opposant à ce qu’il appelle la “propagande anti-russe” dans les médias européens. Il a même lancé un site web appelé StopRussophobie pour surveiller le contenu qu’il juge russophobe.
Georgy Shepelev est également une personnalité remarquable en tant que président du Conseil des compatriotes en France, historien et maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) à Paris. Il y a quelques années, il a intenté un procès en diffamation contre Cécile Vaisssié, professeur de slavistique à l’université de Rennes-II (Bretagne), qui, dans son livre “Les réseaux du Kremlin en France”, détaillait le “soft power” russe en France et la manière dont le CCRC, dirigé par Shepelev, était utilisé pour faire avancer l’agenda du Kremlin. Shepelev s’était présenté comme un combattant contre le régime russe en 2011-2012 en organisant des manifestations à Paris en soutien au “mouvement Bolotnaya” et en coordonnant le groupe Facebook “Supporters of democracy in Russia.” Cependant, il a ensuite adopté une position très différente.
Dans une conversation avec The Insider, Cécile Vaissié se souvient que Shepelev l’a invitée à plusieurs reprises à une réception à l’ambassade de Russie en février 2013 : “J’ai été très surprise par cette démarche. Bien sûr, la question s’est posée de savoir s’il avait vraiment changé d’avis à ce point ou si ses discours contre Poutine étaient une provocation depuis le début.”
https://www.ladepeche.fr/2023/01/22/une-manifestation-pro-russe-devant-le-site-nexter-10943139.php
La 5ème colonne russe est implantée partout (y compris en France)
NDLT/ Cliquez sur le lien de The Insider pour avoir les photos, (que je n’ai pu copier car copyright).
https://theins.ru/en/politics/259554