Deux ennemis de l’Union Européenne à ne pas sous estimer

Les anti-droits ( financés par les fondamentalistes Américains)

Voilà maintenant plusieurs années que les mouvements «  antichoix  » ou «  pro-vie  » comme ils aiment se désigner, s’activent en coulisses pour tenter de remettre en cause certains droits acquis de haute lutte et bloquer tout futur progrès sociétal. Tous les niveaux de pouvoir sont visés, du local à l’international, et l’Europe ne fait pas exception en la matière. Face à l’essor de leurs activités, les recherches se sont intensifiées pour mettre au jour la nature et le travail de ces mouvements. Grâce à une coopération accrue entre acteurs associatifs, journalistiques et académiques, nous pouvons aujourd’hui brosser un tableau fourni et documenté de ces anti qui fantasment le rétablissement d’un « ordre naturel ».

Popularisés par la mobilisation bleue et rose de la Manif pour tous, ces mouvements sont souvent résumés (à tort) comme « anti-avortement » ou «  anti-mariage gay  ». Leur programme s’étend néanmoins au-delà. S’ils cherchent effectivement à remettre en cause ces deux acquis emblématiques, c’est tout un projet sociétal et politique alternatif qu’ils proposent : interdiction de la contraception moderne et promotion de l’abstinence, opposition à l’éducation à la vie sexuelle et affective à l’école et à la procréation médicalement assistée, défense de la « famille traditionnelle », interdiction du divorce, retour à une pratique religieuse (chrétienne) assumée et prosélyte, mais aussi opposition farouche à l’immigration et à l’Islam.

Plus généralement, ils ne cachent pas leur volonté de re-christianiser l’Europe face à ce qu’ils perçoivent comme un déclin civilisationnel qui serait à imputer pêle-mêle à la « menace islamique » et au « féminisme agressif ». En Europe, certains de ces mouvements sont médiatiquement bien visibles comme la Marche pour la Vie en Belgique, la Manif pour Tous ou la Fondation Jérôme Lejeune en France, Ordo Iuris en Pologne ou Hazte Oir en Espagne. D’autres sont moins connus du grand public mais disposent pourtant d’une force de frappe considérable : Citizen Go, la plateforme de pétition en ligne mondiale ultra conservatrice active dans de nombreuses initiatives législatives nationales et européennes  ; le Centre Européen pour le Droit et la Justice qui travaille en coulisses auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme ; ou encore la Fédération Un de Nous, initiatrice de la pétition citoyenne européenne du même nom qui visait à interdire le financement par l’Europe de la recherche sur l’embryon et des activités de planning familial dans les pays en développement.

Nous avons donc les fondamentalistes Américains ( les Frères Koch  et autres billionnaires ) qui ont versés des milliards de dollars pour faire monter l’extrême droite en Europe, par le truchement de groupes subversifs, et dont le but est de créer le chaos constamment par des manifestations incessantes, ou pousser à la désobéissance civile, ce qui est un moyen très fiable et apparemment anodin de faire tomber les démocraties.

Un exemple que j’ai cité souvent , en relayant ses propos via sa vidéo, est celui de Extinction Rebellion, où le leader dit textuellement, “nous ferons tomber les gouvernements, et oui , il  y aura peut être des morts mais cela fait partie du processus !” (minute 6.15).

https://www.youtube.com/watch?v=hPWPkzDrCPg

Bannon n’est jamais loin derrière, et il est le lien entre les Frères Koch et Poutine, ayant passé de nombreuses années en Russie. (NDLT : un des frères Koch est décédé récemment, il n’en reste plus qu’un).

L’Union Européenne est donc et depuis longtemps la cible des fondamentalitses , et  Poutine de l’autre côté.

Depuis 2008, c’est ainsi plus de 50 millions de dollars qui ont été investis par l’extrême droite américaine en Europe, via une douzaine d’organisations dont Alliance Defending Freedom (ADF) et l’American Center for Law and Justice. Derrière ces flux financiers, on retrouve notamment les puissants frères Koch, troisième fortune américaine, mais aussi Betsy DeVos, Secrétaire de l’Éducation de Trump, et Erik Prince, fondateur de l’entreprise de mercenaires Blackwater. La Russie est également très active dans cette entreprise de reconquête culturelle de l’Europe, notamment par l’intermédiaire d’Alexey Komov, le représentant de la branche russe du Congrès Mondial des Familles, de Dmitri Smirnov, un des dirigeants de l’Église orthodoxe russe, et de l’oligarque Konstantin Malofeev, proche de Poutine. Ces mouvements financiers s’accompagnent d’un soutien politique croissant aux chantres européens de la « démocratie chrétienne illibérale » comme Viktor Orban en Hongrie et Matteo Salvini en Italie. Dans la perspective des élections européennes de mai 2019, The Movement, créé par l’ex-conseiller de Trump Steve Bannon, a ainsi tenté d’œuvrer au rassemblement des groupes européens d’extrême droite et d’instaurer une « révolution de droite » en Europe.

Le Congrès Mondial des Familles, organisé en 2019 à Vérone, en Italie, est une autre illustration patente de la mise en réseau des chrétien·ne·s fondamentalistes américain·e·s et de l’extrême droite européenne. Lancé en 1997 par l’Américain Brian Brown, président de l’Organisation internationale de la famille, ce congrès mondial réunit chaque année depuis 2012 les défenseur·e·s de la famille traditionnelle, militant·e·s antiavortement ou contre le mariage entre homosexuel·le·s. Cette année, c’est le charismatique patron de la Ligue Matteo Salvini qui a ouvert le Congrès, par une charge virulente contre les « féministes » et en défense des familles « composées d’un papa et d’une maman ». Pour conclure, si l’avortement reste au centre des stratégies des anti, le mouvement porte aujourd’hui au-delà de la question du corps des femmes. Armés de nouveaux outils et soutenus par des partenaires puissants, les extrémistes chrétiens alliés à l’extrême droite s’attaquent désormais ouvertement aux fondements de la démocratie. Le recul des droits humains a de beaux jours devant lui.

POUTINE

Poutine a un plan directeur pour détruire l’Europe, diviser l’OTAN, récupérer l’influence Russe dans le monde et surtout marginaliser les États-Unis et l’Occident afin de parvenir à l’hégémonie régionale et à la puissance mondiale. La stratégie et la vision unifiées de Poutine pour l’Europe n’ont pas fait l’objet de discussions approfondies ni n’ont été exprimées de façon significative jusqu’à présent. Le plan directeur de Poutine est la première tentative globale d’expliquer systématiquement la stratégie mondiale de Poutine, qui pourrait inévitablement et inexorablement conduire à la rupture de l’alliance de l’OTAN et potentiellement à la guerre avec l’Occident. À l’heure actuelle, l’Occident n’a ni stratégie, ni plan, ni tactique pour faire face au plan directeur de Poutine autre que l’imposition de sanctions économiques limitées, qui n’ont pas fait grand-chose pour dissuader l’agression de Poutine – et l’ont peut-être encouragée et facilitée. Le point de vue adopté ici n’est pas seulement alarmiste, mais une représentation précise et, pour la première fois, claire et sobre d’une situation effrayante que, de plus en plus, les observateurs sérieux de la politique européenne et russe reconnaissent et reconnaissent ouvertement.

Le plan directeur de Poutine montre qu’il est essentiel de prendre conscience de la stratégie de Poutine de détruire l’Europe, de diviser l’OTAN et de construire un nouvel empire dans l’ancienne Union soviétique. La Russie a fait preuve d’un niveau d’agression extraordinaire, de façon très hardie dans ses invasions directes de la Géorgie et de l’Ukraine. La faiblesse américaine et une Europe divisée ont laissé les voisins terrifiés de la Russie sans alternative à la domination russe, et même des alliés américains jadis fidèles tels que la République de Géorgie sont sur le point de faire partie du nouvel empire de Poutine en Europe. Poutine a clairement indiqué qu’il considérait l’expansion de l’OTAN comme une menace fondamentale pour la nation russe, et il défie systématiquement l’Alliance de l’OTAN ainsi que les États-Unis. Jusqu’à présent, il  est en train de gagner.

Alors que de nombreux observateurs se réveillent maintenant à l’hostilité déterminée de Poutine en Europe et à la menace qu’il représente pour un monde libre et prospère, personne n’a encore documenté et analysé le plan de grande envergure de Poutine, pourquoi il est si dangereux et pourquoi les États-Unis, Les États et ses alliés doivent prendre des mesures décisives pour faire reculer ce dangereux programme. Poutine a toujours des défenseurs en Europe et en Amérique, dont certains sont achetés et payés par les pétrodollars du Kremlin, mais d’autres qui ne croient tout simplement pas que Poutine est une menace existentielle pour l’Occident .

L’Europe occidentale et centrale apprend à présent à quel point le plan de Poutine pourrait être vaste, car il attise les flammes de l’euroscepticisme et soutient les partis radicaux d’extrême gauche et d’extrême droite qui sont devenus la «cinquième colonne de Poutine dans l’UE». Ces partis incluent le Front National devenu RN (France) et la Ligue du Nord (Italie) au Parti National Démocratique (Allemagne) et Jobbik (Hongrie), [et] le Jobbik hongrois. «Les partis pro-russes détiennent actuellement 76 des 751 sièges au Parlement européen», selon un article du magazine ukrainien Novoye Vremya. Un haut diplomate occidental a franchement admis que «les Russes cherchent des moyens de briser l’unité de l’Europe, et ils ciblent les États les plus faibles»

Tout aussi inquiétant que l’influence politique croissante de Poutine ; c’est que l’économie européenne s’est avérée incapable de se libérer de sa dépendance au pétrole et au gaz russes. En effet, l’Europe a financé par inadvertance une grande partie de l’expansion et du réarmement militaires de la Russie.

Sources : Open Democracy/ Dark Money.
Putin’s Master Plan: To Destroy Europe, Divide NATO, and Restore Russian Power and Global / Douglas E. Schoen
Julie Pernet, Chargée de missions, Forum Parlementaire Européen pour les Droits Sexuels et Reproductifs.

 Espace de libertés, mai 2019 (n° 479)

Traduction Murielle Stentzel.

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27 novembre 2021 17h21

[…] végétarisme. On pourrait citer le groupe de militants du climat Extinction Rebellion, qui veulent renverser les gouvernements élus, considérés comme trop […]

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