Eric Zemmour, la belle équipe

C’est une illustration qui a un certain succès sur Twitter. Elle répondait, clairement, aux protestations indignées de Zemmour accusé par le Rassemblement National de compter des nazis dans son entourage. Je reviendrai sur certains personnages nommément présentés dans cette « affiche », avec une mini curriculum-vitae. Mais commençons par rester rigoureux :

  • Si certains ont de vraies responsabilités pour sa campagne au niveau national, d’autres n’ont qu’une responsabilité régionale ;
  • En aucun cas il ne s’agit d’un organigramme complet ; le titre est donc erroné et il aurait mieux valu mettre « des membres de l’équipe de campagne d’Éric Zemmour ».

Partons d’un vrai document de référence. Le journal « Le Monde » a publié le 12 décembre dernier un article intitulé « Derrière Eric Zemmour, les cinquante lieutenants d’une campagne d’extrême-droite ». Cet article est malheureusement réservé aux abonnés, mais je me permettrai de reproduire des courts extraits présentant bien les cinq principales familles constitutives de la « galaxie  Z ». A noter aussi que, depuis cette publication, il y a eu des ralliements de personnalités plus ou moins notables du Rassemblement National et du parti « Les Républicains », même si leur nombre reste limité.

Voici donc quelle était la ventilation de  ces figures clés il y a environ deux mois.

21 sont passées par le R.N.

« Ces anciens élus, militants ou hommes de l’ombre sont issus de la frange la plus radicale du parti frontiste. Ils ont été déçus par les revers électoraux et la stratégie de dédiabolisation engagée par Marine Le Pen au lendemain de l’élection présidentielle de 2017, renforcée après l’échec aux régionales de juin 2021. Ils sont désormais galvanisés par le discours transgressif d’Éric Zemmour, qui leur promet rupture et « reconquête.»

7 sont proches de Marion Maréchal.

« Une autre frange du RN joue un rôle discret mais crucial dans la campagne du polémiste c’est celle qui est restée fidèle à Marion Maréchal. Certes, l’ancienne députée, officiellement retirée de la vie politique depuis 2017, se refuse jusqu’à présent à choisir entre Marine Le Pen, sa tante, et Éric Zemmour, qui défend comme elle un programme économique libéral adossé à des valeurs ultraconservatrices. Mais plusieurs de ses proches gravitent autour de la campagne de Zemmour. »

21 ont eu des liens avec Les Républicains.

« L’équipe de l’ancien polémiste compte toutefois de nombreux militants passés par les rangs de LR (ou de ses prédécesseurs, l’UMP et le RPR). Sa conseillère et compagne, Sarah Knafo, a fourbi ses armes auprès de l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, qu’elle a sotenu sans succès avant la présidentielle de 2017. Par ailleurs, les meetings et déplacements de Zemmour sont organisés par Olivier Ubéda, un spécialiste de l’événementiel et de la communication qui avait assuré les mêmes fonctions auprès de Nicolas Sarkozy en 2007. »

6 sont issus de la droite catholique et proches de « la Manif pour tous ».

« La droite catholique et traditionaliste s’est retrouvée orpheline en 2017, après la défaite de son champion, François Fillon. Après avoir porté ce dernier à la victoire lors de la primaire LR, puis pleuré sa cuisante défaite dès le premier tour, elle a trouvé en Éric Zemmour un nouveau candidat aux positions socialement conservatrices, opposé à la GPA et à la PMA, mais aussi capable de faire revivre une France à l’identité chrétienne magnifiée, défendant L’histoire millénaire de la France. »

3 ont eu des liens avec des mouvements identitaires d’extrême-droite.

« Il est des soutiens plus encombrants que d’autres. Des royalistes de l’Action française aux catholiques intégristes de Civitas, du youtubeur nationaliste Papacito à l’écrivain antisémite Hervé Ryssen, en passant par les militants de la Famille gallicane, groupuscule d’ultradroite qui s’amusent à tirer sur des caricatures racistes, beaucoup de figures d’ultradroite voient d’un bon œil la candidature d’Éric Zemmour, qui a placé la théorie complotiste et xénophobe du grand remplacement au cœur de sa campagne. Une extrême droite extraparlementaire, radicale et parfois violente, qui ne se reconnaissait pas dans le RN dédiabolisé de Marine Le Pen. »

Je ne mentionnerai pas ici d’autres « familles » citées par « Le Monde » : les réseaux d’influence intellectuels ; les « technos » ; les militaires. Retenons enfin, à ce stade, la densité et le dynamisme de l’équipe, fortement soutenue par ailleurs par quasiment tous les médias d’extrême-droite contrairement à Marine Le Pen.

Souvent, c’est sur Twitter que l’on trouve les informations les plus inédites. Ainsi, depuis début février, un nouveau compte, « Le Zemmourologue » offre des informations richement documentées. Passons en revue ce qu’il dit de trois des personnages de l’illustration d’ouverture.

A propos de Philippe Schleiter, sobrement présenté comme « le neveu de Robert Faurisson », on découvrira le parcours politique du responsable des investitures du parti « Reconquête », toujours engagé à l’extrême-droite : MNR de Bruno Mégret, ex-dissident du Front National et qui vient de rejoindre Zemmour ; TV Liberté ; Fondation Polémia ; animation d’une émission sur l’antenne de Radio Courtoisie, etc. « Le père de Philippe, René Schleiter, est un vieux routier de l’extrême droite, tendance odeur de soufre. Il a notamment collaboré à la revue néonazie “Tabou”, développant notamment la “thèse” d’une utilisation des chambres à gaz pour traiter le typhus ». Quand à sa mère, Yvonne, sœur de Robert Faurisson, elle joua un grand rôle dans la diffusion de ses écrits négationnistes.

A propos de Philippe Milliau, déjà clairement identité dans l’article du « Monde » comme « identitaire » et qui est un ancien militant du GRECE (« Groupe de recherche et d’étude sur la civilisation européenne, matrice de la pensée « païenne » d’extrême-droite), il vient de faire l’objet d’une « purge » tout en conservant des responsabilités régionales. D’après l’enquête, il y aurait compétition chez les zemmouriens entre « droite catholique» et « identitaires ».

A propos de Damien Rieu, le Zemmourologue propose une enquête incroyablement bien documentée, remontant au début des années 2010 alors que le nouveau responsable numérique de la campagne n’était qu’un jeune militant identitaire, s’illustrant par des « actions » rappelées par des photos, documents et vidéos. Damien Rieu était une figure connue de la fachosphère – en particulier sur le site très visité « f.de souche ». Il n’a pas déçu aussitôt arrivé, réalisant un harcèlement sur les réseaux sociaux contre Patrick Karam, membre de l’équipe de campagne de Valérie Pécresse et accusé d’avoir eu des collusions avec les islamistes : ce fut, à ce jour, l’une des très rares occasions pour les Républicains d’attaquer l’équipe d’Eric Zemmour.

Faisons pour finir un « zoom » sur Antoine Mellies. Ancien responsable du Rassemblement National pour la Région Auvergne-Rhone-Alpes, ayant rejoint récemment Eric Zemmour, il est également très actif sur Twitter. Et lui aussi a un passé très sulfureux, marqué par l’antisémitisme comme bien documenté dans cet article du site de référence « Conspiracy Watch » : ancien militant de « Egalité et Réconciliation » d’Alain Soral, il a rejoint un temps l’éphémère « Parti antisioniste ».

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