Sleepy Joe vs Вова

Il semble que cet article soit en rapport avec un jeu vidéo. Deux protagonistes s’y affronteraient sérieusement, tandis que ne ferait surface de ce qu’ils sont, qu’avatar et pseudo. Nul ne saurait ce qui se cache, d’un camp à l’autre, derrière l’écran d’ordinateur, de la tablette ou du smartphone. Pas même les spectateurs du duel. Pour tous ne seraient visibles qu’une image de profil et une appellation d’origine contrôlée telle que : Sleepy Joe, dont Buzz[1]Un des surnoms de Donald Trump affuble Joe Biden, et Вова, soit Vova ; c’est un surnom qu’on donne affectueusement à Vladimir Poutine depuis son enfance.

Montage détournant des images de Trump pour faire chanter une berceuse à Joe Biden. Mais il faut se méfier de l’eau qui dort !

Le jeu pourrait indifféremment être pratiqué, joystick en mains, par une jeune femme campant un falot personnage masculin ou par un gamin de dix ans féru de programmes de simulation de survie et endossant l’apparence d’un Spartacus. Tous deux plus préoccupés de l’emporter que de quoi que ce soit d’autre. Oui, pourquoi ne pourrions-nous pas comparer ce qui se produit relativement au conflit russo-ukrainien, à ce que tous ces passionnés connaissent comme sensations en envahissant fictivement, voire virtuellement, le territoire de leur adversaire ; lequel devient alors selon moi, leur partenaire ? J’assiste, comme des millions de mes compatriotes, comme des milliards de gens simultanément, à une vulgarisation de l’avancée d’un convoi long de 60 kilomètres de véhicules militaires en provenance de Russie, remplis de soldats résolus à s’emparer de la capitale d’un pays démocratique ! J’entends, avec tellement de désinvolture, parler d’assassinat sur la personne du dirigeant du dit pays et nous palpitons de participer aux progrès qu’effectue le commando Wagner, encore un pseudo, chargé de cette sanglante mission. Je vois passer des manchettes parlant d’attaque nucléaire, lis avec fébrilité toute publication qui en évoque l’éventualité, partage certaines données en rapport avec une apparente mobilisation de la force atomique russe, comme si j’étais en train de visionner un remake de WarGames. Dès lors l’espace où nous existons et les temps que nous vivons n’ont plus qu’une valeur relative, tant il faut se rendre à l’évidence qu’ils prennent une apparence surnaturelle, proche de celle du Metaverse qu’on est en passe de voir surgir dans notre quotidien.

Murielle Stentzel, l’une des auteures du site, titrait en publiant cette image sur ses réseaux sociaux : “Et cela se passe en 2022, à quelques encablures de chez nous !”.

Il y a aussi, de nationalité française, d’autres joueurs engagés dans un affrontement qui jouxte, suivant le gameplay du RPG japonais[2]Le RPG japonais est extrêmement codé ; il se démarque de manière générale en optant pour une narration dirigiste, ne laissant que peu de choix concernant le ou les personnages principaux afin … Continue reading, un scénario de politique-fiction. Sur ce serveur francophone, Z, Tartarin et Catwoman sont définitivement inscrits et viennent d’entrer en lice pour participer aux joutes qui se dessinent. Le champ d’action où ils évoluent est infini. On appelle cela en jargon vidéo-ludique, l’open world. Sa jouabilité n’a aucune limite. Toujours bien sûr en se représentant l’actuelle campagne sous forme d’un jeu de société. En revanche, quand on observe attentivement leurs échauffourées, que d’un regard soutenu, on détecte leurs faiblesses, qu’on réalise qu’ils sont loin d’être aussi doués qu’ils ne paraissent, autant capables de s’adapter à la dangerosité du terrain, on sort radicalement de leur zone d’influence et on commence à y voir clair. C’est une chose de pérorer, s’en est une autre de résister à toutes les pressions ambiantes en simplement restant humain. Sauf si les dés sont pipés, qu’il y a maldonne et que certaines règles ont été enfreintes.

Pas de bol pour Catwomen, qui perd du temps et doit se débarrasser hâtivement, sous prétexte qu’ils comporteraient une énorme faute d’orthographe, d’un très grand nombre de ses tracts électoraux (voir ci-dessous). En réalité ils la représentent serrant la main de son copain de jeu Vova. Pour sûr elle n’était pas prévenu de ses plans. C’est peut-être parce qu’ils ne jouent plus dans la même équipe. Dans ce cas, tous les fantassins de la guerrière vont perdre confiance en leur chef de file. Plus question de l’accompagner au front si elle ne dispose pas d’un tel soutien en cas de riposte et d’invasion de leur surface de progression.

Z le Sournois était par contre au courant que Vova mènerait une offensive soudaine. Il s’était bien gardé de révéler à quiconque ce qu’il avait appris, lors d’un déplacement à l’étranger. Rappelez-vous que nous sommes en train de simuler une partie de jeu vidéo et qu’en maitre de céans, je dirige l’action comme je l’entends. Mais suis-je si éloigné de la réalité des faits ? J’ai trouvé fort opportun que Zemmour, cette fois en IRL (In Real Life)[3]L’emploi d’IRL sert à distinguer les événements, les actions, les échanges, les personnes et personnages qui se déroulent et évoluent dans la vie quotidienne, de ceux de la vie … Continue reading, garde pour thème de son discours, lors du premier meeting suivant le viol des frontières ukrainiennes, celui de la paix. C’était tellement opportun — voire prémédité — de profiter, dès le lendemain, de l’émotion suscitée par ce dramatique événement. Il y rappela à son auditoire qu’une démocratie n’est jamais à l’abri d’un envahisseur et suggéra que la France devrait songer à : fermer ses frontières, s’armer massivement, sortir du commandement de l’OTAN, cesser toutes restrictions économiques envers la Russie et selon ce chef évanescent, quitter l’Union Européenne.  Depuis on a appris qu’aucun des membres de Reconquête inscrit au Parlement européen n’avait voté positivement une résolution en vue d’aider l’Ukraine, malgré qu’on ait entendu prononcer cette merveilleuse phrase dans l’hémicycle, arguant du fait que la résistance du peuple ukrainien sera le triomphe des démocraties occidentales.

Zemmour martèle à Chambéry une politique géostratégique qui ressemble étroitement à un frexit.

Quant à Tartarin, il participe à cette mascarade depuis tellement longtemps qu’il est devenu, quand il se se met en quête de victoires, le plus vicelard des 3 joueurs de l’extrême. Mais de surcroit tellement imbu de sa personne, que même les réunions de guilde, lieu où se décide la meilleure tactique à employer, ne l’intéressent plus et qu’il reste souvent AFK (Away From Keyboard)[4]AFK est une abréviation qui désigne dans le langage Internet “Away From Keyboard”, “loin du clavier” en français. Elle permet d’indiquer à vos interlocuteurs virtuels … Continue reading, à l’abri des orages numériques.

On comptabilise aussi, dans une tentative de faire avancer l’intrigue, quelques PNJ (Personnage Non Joueur ou Jouable). Ce sont aussi des prétendants au titre de gloire finale mais au pouvoir limité, le plus souvent insignifiant dans le scénario, qui ne servent qu’à renseigner, donner un indice ou raconter ce que l’on sait déjà. Dans cette catégorie on dénote, sous les traits d’un truculent bestiaire d’animaux en voie de disparition, un certain Douglas et une Bobo. Vu les interventions qu’on compte à leur actif, ce n’est pas nécessaire d’en dire plus sur eux, sauf que s’ils se retournent contre leur créateur respectif, du peu de participation qu’on leur accorde, ils ne sont pas à l’abri d’un Rage Kit. Dans le cadre d’un programme multi-joueurs, ce terme désigne le fait de quitter la partie en cours parce que l’on est en train de perdre ou qu’elle ne se passe pas comme on le souhaiterait. C’est tout à fait l’expression d’un(e) mauvais(e) perdant(e).

Dans un des épisodes de leur précieuse émission “Les Déconspirateurs”, Conspiracy Watch relève que Donald Trump a monté toute sa campagne de 2016 en scandant cette phrase  : “We gonna build the wall![5]Nous construirons le mur !”. Dans le monde où nous sommes, un simple slogan sournoisement employé, peut donc conduire à la Maison Blanche ou si l’on y prend pas garde, à l’Élysée. C’est pas du jeu ! Et certainement pas fair-play.

Notes

Notes
1 Un des surnoms de Donald Trump
2 Le RPG japonais est extrêmement codé ; il se démarque de manière générale en optant pour une narration dirigiste, ne laissant que peu de choix concernant le ou les personnages principaux afin de se concentrer sur un scénario complexe et développé
3 L’emploi d’IRL sert à distinguer les événements, les actions, les échanges, les personnes et personnages qui se déroulent et évoluent dans la vie quotidienne, de ceux de la vie numérique et virtuelle.
4 AFK est une abréviation qui désigne dans le langage Internet “Away From Keyboard”, “loin du clavier” en français. Elle permet d’indiquer à vos interlocuteurs virtuels que vous ne serez pas devant votre ordinateur pendant un certain temps et que vous ne serez ainsi pas joignable.
5 Nous construirons le mur !
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