Législatives : Zemmour, explosif à retardement 

L’actualité va vite, encore plus vite alors que les jours vont défiler à toute vitesse d’ici le 10 avril, et ce qu’on peut écrire se démentir peu de temps après. Il en est ainsi, bien sûr, du résultat final d’Eric Zemmour qui, je persiste et signe, représente le plus grave danger pour notre pays.

Au-delà de ce tout ce qui peut rebuter dans le personnage lui-même ; au-delà de son programme qui appelle quasiment à la guerre civile ; au-delà de sa brutalité, au-delà de son incompétence et de ses manipulations de polémiste professionnel ; au-delà de la menace qu’il représente à titre personnel, il est de manière tout à fait concrète une force de nuisance politique qui peut rendre impossible toute gouvernance du pays. En effet, même si les sondages annoncent tous une victoire d’Emmanuel Macron – victoire certes moins nette qu’il y a seulement deux semaines -, rien n’est garanti pour les élections législatives qui suivront. Plusieurs scénarios seraient alors possibles, alors que même une victoire du parti L.R.E.M serait fragilisée par un fort taux d’abstentions : victoire de la Droite du parti « Les Républicains » et cohabitation ; « cohabitation au fil de l’eau », avec une opposition de Droite (ou de Gauche) venant selon le cas aider à faire voter les Lois, comme lors de la législature 1988-1993 du deuxième mandat de François Mitterrand ; et bien sûr, implosion du parti L.R, une partie sous la direction d’Eric Ciotti rejoignant « Reconquête » dirigé par Zemmour, et l’autre formant un nouveau groupe politique, absorbé par « Horizons » dans la majorité présidentielle ou sous sa propre bannière.

Autant dire que le paysage politique au soir du premier tour et la « story telling » qui sera faite après, risquent d’être très lourds de conséquences pour la suite. Aujourd’hui, et malgré un débat réussi face à Eric Zemmour, Valérie Pécresse est « dans un mouchoir de poche » avec lui dans les sondages, et souvent même dépassée par lui d’une courte tête. Si l’écart était au final plus important, ou si pire il arrivait à rattraper même de peu Marine Le Pen, il pourrait se poser en principal opposant de droite à Emmanuel Macron. Et réaliser, au moment des législatives, sa fameuse « union des droites », en fait le recyclage d’ex-élus L.R ou R.N sous sa propre bannière qui est celle de la pire ultra-droite. Ceci, avec l’appui et la bénédiction de Vladimir Poutine qui a réellement besoin d’alliés dans une Union Européenne faisant bloc contre lui depuis l’invasion de l’Ukraine.

Même si donc son propre parti n’est pas réellement prêt à ce stade pour obtenir des dizaines de députés, le simple rôle de « faiseur de rois » qu’il aurait après l’élection présidentielle peut empêcher toute gouvernance du pays : le danger Zemmour demeure donc une réalité effroyable, et qu’il faut voir en face.

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