Plombé dans les sondages, Zemmour essaie de relancer sa campagne. On n’a pas déjà entendu ça ?

Jeudi 3 mars, le polémiste d’extrême-droite Éric Zemmour aurait dû être l’invité de la matinale de France Info, mais il a préféré au dernier moment rester chez lui. Chez un accro des médias de son calibre, c’est l’indice que les choses ne tournent pas rond. Il aurait pourtant bien besoin d’exposition médiatique, vu sa chute dans les sondages depuis le début de l’invasion de l’Ukraine… C’est que c’est moins bien porté d’être admirateur de Poutine, tout d’un coup !

Sur France 2, quelques jours avant l’invasion, Zemmour ne voyait rien venir…

Il faut dire que ses déclarations sur les réfugiés ukrainiens, lundi 28, ont semé le trouble jusque dans ses propres rangs : refus draconien… Alors que la plupart des militants d’extrême-droite ne voient pas de mal à accueillir des “gens comme nous”, européens et chrétiens. Cela reste un peu égoïste, mais ils ont au moins de la sympathie pour l’agressé. Alors que la position de Zemmour apparaît bel et bien dictée par une défense des intérêts de Poutine.

Ainsi, pour éviter qu’on lui pose des questions sur l’actualité brûlante, en Ukraine, et sur ses liens désormais bien connus avec le boucher du Kremlin, le candidat préfère jouer “courage fuyons” ! Mais cette discrétion n’est que temporaire. Au vu des sondages, justement, Zemmour voit s’évaporer la perspective d’être au second tour. Il lui faut donc accomplir cette figure obligée des candidats en difficulté : “relancer sa campagne”.

Russian President Vladimir Putin (R) speaks with French Eurodeputy and businessman Philippe de Villiers during a meeting at the Livadia palace, outside Yalta, Crimea, on August 14, 2014. De Villiers is set to build two history-themed amusement parks, one in Crimea and the other in Moscow. AFP PHOTO / RIA NOVOSTI / KREMLIN POOL / ALEXEI NIKOLSKY
Poutine et Philippe de Villiers au Livadia palace, à Yalta, Crimée, 14 août 2014, en pourparlers pour un parc à thème russe (qui ne se fera pas à cause des sanctions)

Et pour cela, il va chercher… Qui ? Philippe de Villiers ? Trop daté, et trop grillé auprès de Poutine. Non, c’est un vibrant : “Au secours, Marion Maréchal !” qu’il est en train de lancer. Il a besoin d’elle pour le meeting à Toulon le 6 mars. Pensez, elle est directrice d’une école supérieure (qui bat de l’aile, et accumule les scandales, mais ce n’est pas ça qui dégoûtera l’extrême-droite), c’est presque la respectabilité. Et puis elle a acquis, à tort ou à raison, une aura de célébrité au-delà de l’extrême-droite. C’est une “people”, quoi.

Ralliement ? Mais au fait, n’avons-nous pas déjà entendu ça ? Si, et même à plusieurs reprises. La benjamine du clan Le Pen fait partie des soutiens de la candidature Zemmour depuis le début ! Si elle ne s’affiche pas trop avec lui, c’est qu’elle a aussi ses propres ambitions, et qu’il peut être coûteux pour elle d’être assimilée avec un échec… Elle aurait donc intérêt à ne se “rallier” qu’à coup sûr.

Mais c’est déjà la deuxième fois que le candidat de l’autoproclamée “Reconquête” est forcé de la mettre en avant, d’annoncer sa présence comme si c’était un talisman magique, juste au moment il est en perte de vitesse dans les sondages. Déjà il y a un mois, début février, on nous l’annonçait à son de cloches, au moment où Zemmour patinait après ses déclarations odieuses sur les enfants handicapés. Il semble n’avoir qu’une carte en main, et elle joue l’Arlésienne…

Cette fois, c’est pour faire oublier sa poutinolâtrie que le candidat d’extrême-droite en appelle au soutien de la chère Marion. Problème : elle est tout aussi grillée que lui avec les fous de guerre russe…

 

Encore faut-il, me direz-vous, que les médias français y fassent attention, et le répercutent ? Oui, de ce côté-là, c’est une autre paire de manches.

Toujours est-il que dimanche, il faut s’attendre à une nouvelle surenchère d’un candidat Zemmour qui doit ne plus savoir à quel saint se vouer, et qui tentera désespérément de piquer enfin des voix à Marine Le Pen en mettant en avant une autre membre de la famille Le Pen. Pour l’instant, c’est surtout à la candidate de la droite, Valérie Pécresse, qu’il braconne des électeurs. Un développement qui doit faire s’arracher les cheveux dans les états-majors. J’ai eu l’occasion d’expliquer plus tôt comment la candidature Zemmour avait été conçue pour “dégonfler” Le Pen et ramener ses électeurs au bercail de droite…

De ce train, non seulement l'”union des droites” rêvée par Zemmour se réduit à peau de chagrin, mais même celle des extrêmes-droites n’est pas gagnée. Ce sera plutôt “règlement de comptes à Facho Corral”.

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