D’abord ceci en prologue, et en réponse aux critiques qui nous reprocheraient d’avoir trop publié sur Eric Zemmour, et pas assez sur les deux autres candidats extrémistes, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. La première, – appréciation personnelle -, affiche un programme moins radical que le chef auto-proclamé de « Reconquête » ; elle n’est pas largement soutenue par les pires extrémistes, y compris des identitaires ou des négationnistes ; et surtout, elle n’a pas pour ambition de casser toutes les oppositions de droite pour les fédérer sous sa direction : or c’est l’objectif de Zemmour, et c’est ce qui le rend particulièrement dangereux. Quant à Mélenchon, autant dire les choses clairement : son personnage m’est antipathique ; son programme, qu’il s’agisse d’économie ou d’affaires internationales est à l’opposé de ce que je souhaite d’un futur Chef de l’Etat. Mais, jusqu’à il y a peu, il stagnait dans les sondages, dépassant à peine la barre des 10%, ce qui est encore – et cela reste un scandale – le cas de Zemmour, conservant un vrai potentiel de nuisance. Aujourd’hui, Mélenchon semble bénéficier d’une dynamique, et il n’a plus exclu que « vote utile » des électeurs de gauche aidant, il monte rapidement dans les quatre dernières semaines de la campagne. Sélectionné au deuxième tour, il serait probablement largement battu au second. Mais il devient maintenant nécessaire de s’engager plus contre lui.
Ceci étant dit, rappelons que la dénonciation du candidat de la gauche radicale n’a pas été oublié sur ce site. Concernant son soutien à Vladimir Poutine, je l’avais déjà souligné le 13 janvier dernier, autour d’un extrait vidéo d’une de ses interviews sur France Télévision. Le 24 février, soit le jour même de l’invasion russe de l’Ukraine, Valentin Jaunet rappelait, avec d’autres extraits vidéo comme preuves à l’appui, combien les trois candidats extrémistes, Mélenchon, Le Pen et Zemmour, avaient nié vigoureusement toute intention belliqueuse de l’autocrate du Kremlin. Deux jours après, dans un autre article, Valentin se moquait de la mauvaise foi du leader des « insoumis », refusant toute solidarité européenne au nom d’un soi-disant « non alignement » le faisant s’aligner en pratique sur un autocrate sanguinaire ; mais mauvaise foi aussi le faisant nier – et alors que l’actualité le dépassait -, tout soutien passé à Poutine, alors que cruellement un petit montage vidéo à la fin de l’article démontrait l’inverse : Mélenchon l’a soutenu depuis longtemps, à commencer par son appui militaires massif au dictateur Bashar El Assad.
Mais revenons au court extrait où Léa Salamé lui demande : « Est-ce que vous êtes pour ce que fait Poutine en Syrie ? » et où il répond « Oui » et juste après « Parce que je pense qu’il va régler le problème ». Il faut voir un extrait plus long de l’émission « on n’est pas couchés » d’où est extrait cet échange : sont mixés à la fois du vrai comme l’échec de l’invasion américaine de l’Irak en 2003 ; du complotisme de bas étage sur l’ingérence occidentale en Syrie, qui aurait été uniquement justifiée par le tracé de futurs gazoducs ; et de la pure désinformation, sur l’armée russe qui aurait été envoyée là-bas uniquement pour écraser Daech ; comme si la coalition occidentale ne l’avait pas réalisé de son côté ; et alors qu’il s’agissait pour Poutine d’abord de consolider une base avancée au Proche-Orient en sauvant le régime sanguinaire d’un dictateur, lui-même réprimant une vraie révolution.
Aujourd’hui, et alors que les médias occidentaux ont si longtemps ignoré les abominations vécues par le peuple syrien, on évoque les bombardements aveugles de l’aviation russe en Ukraine, en rappelant le martyre d’Alep ; les hôpitaux déjà bombardés là-bas ; et les images de millions de civils fuyant leur pays aujourd’hui, à quelques heures d’avion de chez nous, répondent aux images de millions d’autres malheureux qui ont fui la Syrie, écrasée par Poutine l’ami de Mélenchon.
Comme Eric Zemmour, toutes les positions de Jean-Luc Mélenchon ont d’abord une base idéologique et qui ne doit rien au pacifisme. Pour le premier, la haine des Américains et plus largement des « Anglo-saxons » est puisée dans le vieux fond Maurrassien de l’ultra-droite, comme je l’avais montré dans un autre article ; pour le second, la haine vient d’un vieux tropisme de l’extrême-gauche de sa jeunesse.
Les deux par ailleurs, ont la même haine de l’Union Européenne qu’ils voudraient, comme Vladimir Poutine, voir démantelée. Quelle défense aurions-nous alors si nous étions attaqués ? « Ne compter que sur nous-mêmes » répondent les deux compères de chaque extrême, le premier au nom d’un gaullisme revu et largement corrigé ; et le deuxième avec des accents de matamore, alors même qu’il se dit pacifiste ; écoutez-le dans l’enregistrement qui suit.
Reste peut-être le pire, résumé dans un cet extrait d’une enquête d’opinion publiée par le journal Sud-Ouest. Par rapport aux autres candidats, l’image de Poutine est relativement la moins dégradée dans l’électorat de Jean-Luc Mélenchon. Et juste après – mais est-ce une surprise ? – vient celui d’Eric Zemmour. Comme quoi, le culte du chef annule tout sens critique, surtout dans des partis construits d’abord autour de la personnalité de leurs dirigeants.