Zemmour peut-il encore rebondir ?

Unis dans le même rejet des extrémismes, partageant les mêmes espérances et les mêmes craintes, les contributeurs du blog ne sont pas des clones et c’est heureux ! Ainsi, par exemple, sur la menace que peut encore représenter Eric Zemmour, moi-même qui publie le plus sur lui je ressens plus de craintes que mes camarades Irène (lire ici ou ) et Valentin (cet article ou celui-là). Murielle, de son côté, est mobilisée en priorité sur la guerre en Ukraine et les sujets européens.

Si on fait une rapide revue de presse, on constatera que dans leurs grande majorité les quotidiens et hebdomadaires ont déjà « enterré » Zemmour : c’est le cas du journal « Le Monde » du 15 mars, qui débute ainsi son article à propos de sa prestation sur TF1 la veille :

« Qu’est-il arrivé à Eric Zemmour ? Ce lundi 14 mars, à la fin de l’émission spéciale « La France face à la guerre » sur TF1, le candidat d’extrême droite a semblé ailleurs. « C’était l’émotion », déminent ses proches à l’unisson. L’ancien cogneur de CNews a débité une conclusion sur un air d’excuse, et a trébuché sur un lapsus : « Je ne vous promettrai pas que ce que je peux tenir. » Il a de nouveau semblé justifier « [sa] décision d’être candidat » à l’heure de se mesurer aux prétendants à l’Elysée. « Vingt-six jours, ce n’est pas grand-chose », a-t-il ajouté avant de réciter une anaphore, répétant « vingt-six jours » le souffle court, comme autant de montagnes à gravir avant le premier tour. »

« Challenge » titre carrément « La chute d’Eric Zemmour » en publiant le sondage Harris Interactive de la semaine, où le candidat d’extrême-droite est coté à 11%, déjà largement dépassé par Jean-Luc Mélenchon à 13,5%.

Le 15 mars, enfin, un long article de Christain Berteloot dans « Libération » intitulé « Il reste 26 jours et la candidature de Zemmour prend l’eau » revient sur sa chute dans les sondages, en situant l’inflexion principale au moment de l’invasion de l’Ukraine, qui a révélé de manière crue son allégeance à Vladimir Poutine.

« Car Zemmour dévisse en ce moment dans les sondages. Le candidat du «grand remplacement», accusé par huit femmes de violences sexuelles, est aujourd'hui proche de passer sous la barre symbolique des 10%, après une série de bévues stratégiques et politiques majeures. Lui qui fut donné à 17% au plus fort de sa bulle médiatique. La chute s'est accélérée avec la guerre en Ukraine. En difficulté dès qu'il s'agit de parler d'autre chose que de ses angoisses identitaires, Zemmour s'est montré brouillon et peu crédible aux premiers instants du conflit. Pro-Poutine, l'idéologue a longtemps été incapable de reconnaître les torts du dirigeant russe, qu'il a continué de qualifier de «démocrate autoritaire» une fois les premières frappes tombées. Le candidat d'extrême droite a ensuite manqué d'humanité sur l'accueil des réfugiés ukrainiens, dans un premier temps pas dignes de venir en France, au même titre, selon lui, que n'importe quel migrant. Ces positions contre des patriotes, blancs, d'origine chrétienne, agressés sur leur propre territoire, ont perturbé jusque dans son camp. »

Alors pourquoi donc penser, comme je le fais, qu’il est trop tôt pour vendre la peau de l’ours Zemmour ?

Tout d’abord, pour reprendre l’expression popularisée par Valérie Pécresse, « les sondages ça va ça vient, c’est comme la queue du chien ». Ainsi, les « rollings » du début de cette semaine (IFOP et OpinionWay) montraient au contraire un frémissement vers le haut des intentions de vote en faveur du « Z ». Ensuite, et surtout, nous avons déjà vécu un rebond du polémiste candidat : son étoile a pâli entre fin décembre et début janvier, pour remonter ensuite nettement à partir de début février avant que la crise ukrainienne vienne le faire partir à nouveau à la baisse.

Ensuite, en voyant de plus près les intentions de vote, on note que son électorat semble solide, en tout cas nettement plus que celui de la candidate L.R à qui il peut encore reprendre des voix ; sans illusions sur sa capacité effective à gouverner, ses électeurs lui restent fidèles en majorité, lire la conclusion de l’article du « Monde » déjà cité :

« Incohérences et imprécisions n’affectent pas pour autant le noyau dur de supporteurs : le candidat nationaliste jouit toujours d’une rare ferveur militante et de salles pleines à craquer. Selon la dernière vague d’Ipsos-Sopra Steria et du Cevipof, publiée dans Le Monde le 5 mars, 63 % de ses électeurs potentiels le choisissent pour ses « idées », seulement 26 % parce qu’ils ont « confiance en lui » pour gouverner.»

Enfin, son parti a un programme de meetings extrêmement denses d’ici le 10 avril, le point d’orgue devant être un rassemblement géant au Trocadéro le dimanche 27 mars. Toujours sur « Libération », l’article précité se termine ainsi :

« Paradoxalement, cette série de fautes n'empêche pas Eric Zemmour d'être encore adulé par un socle solide de fans. L'auteur identitaire revendique plus de 100 000 adhérents à son parti, même si le chiffre est invérifiable : il remplit toutes les salles partout en France où il se rend dans une ambiance de ferveur indéniable que beaucoup d'autres lui envieraient. Le 27 mars, il est censé donner un meeting géant en plein air, à Paris, place du Trocadéro, où ses proches espèrent 50 000 personnes. 32 824 sont déjà inscrites, à quinze jours de l'événement, indique une source chez Reconquête. »
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Francois Carmignola
17 mars 2022 12h32

Tout est encore possible. L’évènement que devrait être le soutien de Sarkozy à Macron pourrait faire exploser Pécresse et Zemmour pourrait rafler les 5 ou 6 % qui lui manquent… Une petite dynamique la dernière semaine et hop !!!

Le second tour sera autre chose, par contre… Mais là encore, le désir d’en finir avec Macron est réel et tout peut se passer là encore.
Quel match !

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